Cargo : Journal d'une traversée océanique
de Bernard Mathieu

critiqué par Tistou, le 8 juillet 2008
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Journal d’une traversée océanique
« Cargo » est sous-titré ; « Journal d’une traversée océanique ». C’est un drôle de livre, fort bien écrit (Bernard Mathieu a une vraie originalité, je trouve), qui, à coups de courts à très courts chapitres, tel le staccato d’une mitraillette, scandent la traversée d’un cargo vers l’amérique du Sud. Un cargo qui a embarqué des passagers. Nous sommes placés dans la peau de l’un d’entre eux et observons le quotidien. Du cargo, de ses travailleurs, des passagers, de l’océan …

« Le bateau ne roule ni ne tangue. A le sentir trembler on a l’impression qu’il rabote laborieusement sa route sur la surface irrégulière de l’océan. Des vibrations soudaines le secouent, font résonner sa carcasse de tôle : des spasmes, des convulsions sèches, inexplicables. Ca vient de la machine, de l’arbre d’hélice, des masses de fluide remuées par la coque.
On pourrait croire que la mer visible se résume à un espace circulaire et plat. A observer jour après jour le sillage, on apprend qu’il n’en est rien. Il se déforme constamment dans la même direction, il trace une balafre claire tordue en arc de cercle sud-ouest-nord-est. »

On y retrouve l’ennui diffus, le malaise confus parfois, de ce genre de traversées au long cours, sur un engin qui, finalement, ne nous est pas si naturel que cela et qui peut nous le faire payer. Des passagers pathétiques (ils sont tous comme ça sur les cargos ?) rajoutent leur dose d’humain, de pathos, pour faire bon poids.
Bernard Mathieu a manifestement eu l’expérience de la chose, lors de voyage vers le Brésil (?), et il restitue parfaitement ce microcosme qui vit enfermé sur lui-même des jours et des jours, et qui se métamorphose à l’occasion des escales.