Un point dans le ciel
de Alexandre Lacroix

critiqué par Gilles Arnaud, le 4 juillet 2008
(Saint Rémy de Provence - 50 ans)


La note:  étoiles
L'humanité n'est pas si mauvaise ...
Une citation en ouverture du roman extraite du Gai savoir de Nietszche :

“Qui nous a donné l’éponge pour effacer l’horizon tout entier ? Qu’avons-nous fait à désenchanter cette terre de son soleil ? Vers où roule-t-elle à présent ? Loin de tous les soleils ? Ne sommes nous pas précipités dans une chute continue ? Et cela en arrière, de côté, en avant, vers tous les côtés ? Est-il encore un haut et un bas ? N’errons-nous pas comme à travers un néant infini ? Ne sentons-nous pas le souffle du vide ? Ne fait-il pas plus froid ?”

En quatrième de couverture, une citation du livre qui contraste avec la précédente, mais marque par l’ordinaire de la situation qu’elle décrit :

“Tout à l’heure, avenue de la République, j’ai entendu une femme, assise au milieu d’un groupe de clochards, qui braillait en levant haut sa canette : “Il paraît que le scratch, c’est pour demain! Nous on s’en fout, on est prêt pour l’atterrissage!” Elle répétait à l’envi, visiblement très contente d’elle, sa petite phrase, sa trouvaille : “Le scratch est pour demain”"

Cette dernière citation, ce doit être pour le marketing. Cela donne un attrait qui repose sur les désormais monstres sacrés de la littérature du vingtième siècle : Faulkner et Bukowsky. Mais le style à l’œuvre dans le reste de l’ouvrage est différent. Une simplicité feinte, marque d’un long travail d’écriture. La spontanéité se fait jour à chaque mot, à chaque coin de phrase.Vraiment, c’est original et touchant cette idée de prendre en vol des existences en marche, avant l’écrasement final. L’auteur prend bien garde de ne jamais basculer dans le drame. Bien au contraire, les personnages décrits ne sont pas des héros, ni exceptionnels de quelque façon que ce soit.

Somme toute, ils sont comme nous, comme tout le monde.

Et puis les gens ordinaires, ceux qui ne se font pas entendre, ils vous réchauffent le cœur.

L’humanité n’est pas si mauvaise.

Gilles Arnaud