Ordalies
de Stephan Ferry

critiqué par Dominiq, le 20 juin 2008
( - 60 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles du fond
Parmi ces nouvelles, toutes ne sont pas d’égale valeur. Mais toutes révèlent un auteur confirmé dans l’art de l’ellipse ; toutes s’insèrent, comme autant de variations, dans la tonalité et la thématique du volume.. Et celles qui dominent sont de haute tenue. Citons les petits chefs-d’œuvre que sont « Via Dolorosa », « Macération » ou encore « Le patriotisme mène à tout, on ne le dira jamais assez », le plus long, récit intégrant qui ferme l’ouvrage.
« Via Dolorosa », pour ne parler que d’elle, brosse le tableau naïf d’un irréprochable Père René, l’un de ces rares curés de qui l’enfant catéchisé serait prêt à garder le souvenir d’un être lumineux, à qui le Bon Dieu serait donné sans confession. Mais d’un mot, d’un seul, celui de la fin, tout bascule : la lumière s’éteint soudain, douloureusement.
Avec une maturité affirmée, Stephan Ferry, dans ces variations fines, balaye d’une lumière crue et sans détour les ombres les plus sombres de l’humain – lumière directe d’une esthétique que n’allège même pas cet absurde à la fois évident et fantasque qui revient à Kafka et à lui seul.