En étrange pays
de Karel Schoeman

critiqué par Arval, le 18 juin 2008
(Papeete - 55 ans)


La note:  étoiles
Apprendre à mourir
Dans les dernières années du XIXe siècle, Bloemfontein, ville d'Afrique du Sud cernée par le veld hostile et infini, écrasée par un ciel comme chauffé à blanc, accueillait bon nombre d'Européens minés par la tuberculose. C'est là que Versluis, bourgeois hollandais, va apprendre à apprivoiser la mort, mais aussi à se détacher de tout ce qui avait naguère donné sens à sa vie. C’est ce passage d’une vie à l’autre que Karel Schoeman raconte. La découverte de cette autre vie n’est en fait pour Versluis que l’entrée dans l’infini d’une nature vierge, dans la paix d’un long crépuscule qui est aussi celui de sa vie d’avant, de la vie tout court. Histoire d'une âme en quête du dépouillement absolu, En étrange pays est un roman d'une bouleversante humanité où le silence et les paysages deviennent des personnages à part entière.
Ce livre a été une sublime découverte, grâce au style incroyablement doux et sensible de Karel Schoeman. Je l'ai lu il y a une dizaine d'années et il reste encore très présent dans ma mémoire. A l'instant où j'écris cette critique me prend la soudaine envie de le relire.
Karel Schoeman est un écrivain discret, presque marginal, qui vit loin de tout dans un village du veld. Même s'il ne s'affiche guère dans les médias : en 1999, il a reçoit la plus haute distinction sud-africaine, "Order of Merite", des mains du président Mandela. Lequel a salué un intellectuel polyglotte – il a traduit Schiller, Schnitzler, Tchekhov – qui a toujours été solidaire du combat anti-apartheid, et qui reste fidèle à l'afrikaans lorsqu'il compose son œuvre.