Gardons la tête froide!
de Admiral Mahic

critiqué par Sahkti, le 18 juin 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Une certaine réalité poétique
Admiral Mahic est un poète bosniaque, une plume reconnue par ses pairs.
Licencié en littérature de l'Université de Sarajevo, il a rédigé les poèmes qui composent le présent recueil dans les années qui marquent la fin de la Yougoslavie, les années de guerre. D'abord à Sarajevo, ensuite pendant ces longs mois d'exil lors lesquels il a vu s'effondrer une patrie, un pays, une culture et un pan d'humanité.

Il va sans dire que de tels événements marquent profondément un homme et son oeuvre. Tout au long des textes poétique de Admiral Mahic, on sent un profond questionnement sur le comment du pourquoi. Mahic pointe du doigt toute l'absurdité de cette histoire sans nom que trop de gens ont contemplée passivement. Avec une langue chatoyante non dénuée de musicalité, un vocabulaire riche et coloré, il dépeint les villes et les villages, la vie quotidienne ou encore les relations humaines.
Mahic est un écorché. Cela peut se traduire par divers excès dans sa vie privée; cela passe aussi par une luxuriance de langage et de symbolisme dans sa poésie.
Ce qui m'a frappée dans ses textes, c'est avant tout cette impression de familiarité, de grande sensibilité par rapport aux sujets qu'il évoque. Il y a certes la rhétorique poétique, le respect d'une certaine structure, mais surtout ce sentiment de livrer une partie de soi, de se donner par morceaux pour mieux emmener le lecteur dans une promenade sur les chemins de la mémoire, du passé mais aussi du futur.


A La Haye
L'oeil d'Erasme glisse sur les gens déraisonnables
et s'est aussi souvenu des véritables fous.
L'homicide avec préméditation ne peut mettre en musique la sentence.
Quelle entreprise de mort violente
voudrait rester impunie?
(page 91)