Monsieur le Directeur
de Carine Beaufils

critiqué par Christophe H, le 9 juin 2008
( - 63 ans)


La note:  étoiles
La statue paternelle
Elle ne parle de son père que par un « Monsieur le Directeur » respectueux. Et pourtant : la narratrice n’a pas beaucoup de considération pour ce père fantasque et décalé, anarchiste et directeur des finances… L’homme cultive ce paradoxe d’une réussite sociale dont il s’enorgueillit et de racines ouvrières qu’il cultive avec soin. Bleu de travail, gitanes maïs et vin rosé au litre : Monsieur le Directeur est un tyran domestique et un père impressionnant. Mais finalement, est-il vraiment bourreau, ou bien victime ? Victime d’une réussite sociale conquise de haute lutte et qui l’a affaibli au point de n’être plus que l’ombre de lui-même, terrifiant ses enfants pour ne pas prendre le risque de se regarder dans la glace.

Dans ce premier roman, Carine Beaufils brosse un portrait rude et attachant d’un père insupportable et tellement fragile. L'écriture enjouée contraste avec la douleur des liens familiaux, la sensibilité rudoyée, la vie malmenée. Le père est un dur-à-cuire, et l'auteur nous fait rire des frasques de ce malappris. Mais que de souffrances masquées... « Il ne le faisait pas méchamment, mais c’était sa manière à lui de tester ses interlocuteurs. En les déstabilisant, il savait qu’il faisait rejaillir ce qu’il y avait de plus vrai en eux ».

Au jeu du décapage des sentiments, Monsieur le Directeur est le plus cruel. Pour mieux se barricader lui-même, derrière son complet veston à l’extérieur. Pour mieux dominer les siens dans une famille un rien bohème. Pour survivre, il n'y a pas d'autre issue que de déboulonner la statue paternelle... Sa fille ne loupe pas une seule de ses failles, s’en moque gentiment, encaisse des brimades et autres injustices. Elle en parle avec ironie et distance. Et puis, enfin, avec une tendresse filiale sans borne. Quel père !
vrai et très bien écrit 10 étoiles

Sincérité et intelligence se dégage de ce premier roman.

C’est avec beaucoup d’humour que l’auteure met en scène la déchéance de son père dont la vie est un paradoxe.

Très bien écrit, comme quoi on peut écrire de belles histoires sans faire dans le sensationnel.

Carine Beaufils mérite d’être lue, nous mériterions de la lire à nouveau, vivement le prochain bouquin.

Cwam30 - - 54 ans - 1 octobre 2008