Là-bas si j'y suis. Carnets de route
de Daniel Mermet

critiqué par Bolcho, le 29 octobre 2001
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Un journalisme de la dignité dans la dignité
Daniel Mermet raconte le monde d'aujourd'hui, comme un journaliste, mais un journaliste qui n'aurait plus besoin de cirer les pompes des puissants, un journaliste qui ne serait plus le copain attitré des politiques, artistes et hommes d'affaires, un journaliste qui serait le porte-parole des jetés ("C'est vrai que nous préférons les jetables aux notables").
Au gré de quelques-uns de ses articles, relevons quelques phrases. Citant Alphonse Allais: "Il faut prendre l'argent là où il est: chez les pauvres". Ou bien: "La fortune des 200 personnes les plus riches du monde équivaut aux revenus de 41% de la population mondiale". Ou encore, citant Maurice Rajsfus:"La mort lente de millions d'enfants du tiers monde nous apprend qu'il est très possible de se conduire tout aussi férocement que les bourreaux nazis, sans qu'il soit nécessaire pour cela d'ouvrir des camps d'extermination, ni même de tenir des discours racistes ou xénophobes". Un de mes rares reproches à Mermet, cette lourdeur lorsqu'il se vautre dans les lacanismes bariolés:"les cathédrales, enclos où s'affrontent le Désir et le Désert". Quand les mots jouent au hasard, n'allons surtout pas y mettre du sens, sauf pour rire. Alors là, Mermet ose fort aussi: "La bielle de Cadix et l'essieu de velours". Pour terminer, une devinette. La Suisse et l'Inde se ressemblent ...par le PNB uniquement: le même pour 6 millions de Suisses que pour 950 millions d'Indiens.
Dans révolution, il y a rêve et destruction. 8 étoiles

Tel un phare éclairant, sans relâche, ce monde aux illusions perdues, l’émission radiophonique de Daniel Mermet est un manifeste citoyen d’utilité publique. Il faut céder à l'appel des ondes de l'émission de Là-Bas Si J'y Suis qui tente de trouver, dans cette tour de BlaBla qu'est devenue notre société hyper médiatisée jusqu'à l'écœurement neurologique, une vision débarrassée des scories de la pensée inique des hallebardiers de la rhétorique capitaliste autoproclamée insubmersible. Loin du misérabilisme de circonstance et de la compassion affectée, Daniel Mermet pourfend les diktats des intellectuels devenus les défenseurs de l'ordre établi, des nantis qui officient dans les coulisses du pouvoir et des marchands de canon qui ne se sentent vivre qu'au bruit de la souffrance des peuples écrasés par leurs machines de guerre.

Daniel Mermet est un agitateur de neurones subjectif, il ne cherche pas à exposer la vérité des événements, car cette vérité n'existe pas sauf pour les gardiens de la pensée formatée. Il éclaire les événements à l'aide de son micro tendu vers ceux qui ont quelque chose d'essentiel à exprimer, tous ces gens qui luttent chaque jour, au prix de leur vie parfois, pour extraire du silence le désespoir et la rage de se voir enchaîner à l’idéologie d’une minorité qui les soumet implacablement et les considère pires que des animaux. Tous ces individus défaits, mais invaincus aspirent à fouler un sol pavé d'humanité.

Il se faufile derrière les leurres, les mensonges et les peurs qui alimentent les discours des politiciens et de leurs clients de la finance afin d'en révéler toute l'ignominie. Dévoilant ainsi tous les aspects abjects qui convoquent les intentions les plus méprisables de ces potentats qui n'ont d'autre but que d'étouffer les aspirations légitimes des peuples à de beaux lendemains.

Ses carnets de route reprennent quelques-uns des thèmes abordés durant les années 1989/1999, parfois empreints de poésie ses textes sont incisifs et ne manquent jamais leurs cibles, même si pour cela il lui faut twister les mots.

Il y a des hommes qui voient le monde tel qu'il est et qui disent "Pourquoi ?" Et il y a les hommes qui voient le monde tel qu'il devrait être et qui disent "Pourquoi pas ?".

Heyrike - Eure - 56 ans - 8 novembre 2012


De grandes émissions radio... 8 étoiles

J'en ai écouté plusieurs sur France Inter et notamment celle sur les tortures pendant la guerre d'Algérie, celle sur la fameuse "ratonnade" à Paris sous le Préfet de police Maurice Papon et celle où ils avaient retrouvé un ancien médecin d'Auschwitz qui s'etait livré à des expériences sur des hommes. Lui avait été interviewé, un juif survivant sur lequel il avait fait des expériences, ainsi que sa fille qui vivait au Canada... Dur... Dur... mais vraiment impossible à couper !...

Jules - Bruxelles - 79 ans - 30 octobre 2001