Dictionnaire des sciences médicales
de Collectif

critiqué par Shelton, le 31 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Vous allez tout savoir !!!
Chers amis ne cherchez pas cet ouvrage sur Amazon ou Alapage, en effet, ce Dictionnaire des sciences médicales est sorti en 1820. Il fut édité à Paris par un éditeur, Panckoucke, qui n’existe plus avec une société de médecins et chirurgiens dont les noms parlent seulement aux spécialistes. Alors, me direz-vous, pourquoi m’être offert le tome 50 lors de cette brocante d’Emmaüs ? Tout d’abord parce qu’il était seul, en suite, parce que ce n’était pas trop cher, deux euros cinquante l’ouvrage dépareillé, enfin à cause des quelques lignes volées sur place… Je suis aussi obligé de dire à certains amateurs des quatrièmes de couverture que cela ne se pratiquait guère en ces temps lointains…
« Mon tome » balaye les mots de Sarbourg (orthographe de l’époque) à Semoule, cela peut paraître un peu limité mais voyons ensemble l’ampleur de la science de cette époque… Quand je dis cela je ne suis pas moqueur du tout, tout simplement émerveillé du niveau atteint dans certains domaines et de la rapidité des découvertes qui nous séparent de la rédaction de ce dictionnaire, un peu moins de deux siècles… Deux cents ans par rapport à l’histoire de l’humanité, pas grand chose…
Sarbourg ? Mais que fait cette ville dans un dictionnaire des sciences médicales ? Tout simplement parce que cette « petite ville au pied des montagnes, sur la Sarre, à six lieues est de Marsal, quarante six de Saltzbourg… » possède des sources d’eaux minérales analysées par monsieur Hottinger… Mais l’ouvrage ne dit pas ce que le pauvre patient pourrait bien attendre de telles boissons…alors, autant vous abstenir.
Et la semoule crierez-vous ! « Elle sert à préparer des potages très agréables et de facile digestion par la ténuité des parties composantes et la facilité de leur coction, de sorte qu’ils n’exigent aucune mastication, et se boivent plutôt qu’ils ne se mangent ; ils sont surtout précieux dans les cas où les malades ne peuvent écarter les mâchoires, comme dans les trismus, la fracture de l’os maxillaire… ».
Mais entre les deux mots, certaines découvertes pour le lecteur curieux… Certes je connaissais le mot « scorbut » mais le voilà développé en plus de cinquante pages… alors que c’est si simple d’en guérir : « L’air pur et sec, l’air chaud surtout, sont une condition indispensable à la guérison de tout scorbut : il a souvent suffi de débarquer des scorbutiques aux Canaries, à Saint Hélène, au Cap Bonne Espérance, régions dont l’air est pur, sec et chaud pour obtenir un rapide amendement »… alors que nous croyions tous que le capitaine des pirates abandonnait lâchement ses prises, il voulait juste leur donner une chance réelle de les sauver d’un scorbut certain… A Barbe-Rouge, au capitaine Crochet, à notre très cher Jack Sparrow, l’humanité reconnaissante, éternellement reconnaissante…
Le plus surprenant est la description de l’eau minérale de Segray. Pourquoi ? Tout d’abord parce qu’elle n’est pas appétissante : « elle a le goût et l’odeur d’œufs couvés, sa surface est recouverte d’une pellicule irisée… sa température est froide… elle dépose sur les parois un enduit jaune ».
Vous me direz qu’avec de telles descriptions, pour en boire, il faut qu’elle soit très efficace : « Les véritables principes constituants de ces eaux sont encore inconnus » et « elles portent à la tête de ceux qui en boivent en trop grande quantité »…
Rien ne vaut le Bourgogne ! … Avec modération, bien sûr !
Je suis sûr que les médecins se régaleraient avec un tel ouvrage, surtout si complet, mais un volume seul est déjà n’en doutez pas un véritable bonheur que je voulais partager avec vous aujourd’hui…