Poupée blonde
de Pierre Le-Tan, Patrick Modiano

critiqué par Ciceron, le 31 mai 2008
(Toulouse - 75 ans)


La note:  étoiles
L’incomparable Pierre Le-Tan
Le visuel et les dessinateurs prenant de plus en plus de place dans notre communauté, il me semble urgent d’y inviter et répertorier un de nos dessinateurs les plus brillants et talentueux : l’incomparable Pierre Le-Tan.

Poupée blonde, le deuxième livre écrit avec Modiano, n’est qu’un prétexte, je n’ai pas eu la moindre motivation pour lire la pièce, uniquement absorbé et fasciné par le climat exclusif des dessins éxécutés en bichromie.

L’édition est conçue comme le livret de la pièce dont la publication aurait été financée par les publicités au début et à la fin du texte. Un florilège deuxième degré de la Café Society des années 50 qui n’a aucun secret pour lui. Smart, le soda du Tout-Paris, Philippe-Vacheran joailler, Genève, Le Grand Large, cabaret ambiance masculine, la Villa Carlotta, etc.

La facture de Le-Tan est si puissante qu’il est inimitable, elle lui appartient comme un brevet. De fins traits noirs, des ombres hachurées, le tout rehaussé d'un peu d'aquarelle d’une palette de couleurs de toute beauté, avec une précision et une minutie très orientales.

Je l’ai connu en 1968 en prépa aux arts-déco, il venait à 19 ans de publier deux couvertures pour le New Yorker, l’ultime magazine, saint des saints et Everest pour n’importe quel illustrateur dans le monde. Suivront Vogue, le New York Times, Fortune, toutes les couvertures de Modiano et des milliers de dessins. Il y a deux ans, le Musée National de Madrid lui a consacré une grande rétrospective.

Très typique et désopilant, je me souviens d’un sujet d’atelier : faites une affiche touristique, nous étions 150, ça n’a pas loupé, il y eu 149 ciels bleus éclatants, et un type blafard seul sur une plage de Cabourg au mois de février avec un ciel plombé.

J’oubliais ! Notre époque des ordinateurs et des téléphones portables lui est totalement étrangère.