Qui trop embrasse
de Judith Bernard

critiqué par Miss teigne, le 21 mai 2008
( - 42 ans)


La note:  étoiles
Visite en "grandes pompes" à l'animalerie
C’est par un résumé racoleur, riche en promesses d’humour et d’originalité, que mon intérêt a été éveillé… Les dix premières pages m’ont parues cocasses, les suivantes se sont chargées de dissiper cette impression fugace. Un style qui se veut vif et spirituel mais qui en devient pompeux et extrêmement lourd de suffisance. L’exactitude grammaticale de certaines expressions est quelque peu douteuse même en sachant que l’auteur est agrégée de Lettres et docteur en linguistique. Celle-ci s’est voulue spirituelle et originale, elle n’en est que lassante. Les calembours sont nombreux et souvent subtils mais on se fatigue vite car on en vient à en chercher à chaque phrase. Pourtant, le thème était porteur d’espoir : Juliette Canard est engagée comme enseignant-chercheur à Lyon, elle s’apercevra rapidement que le monde universitaire qui l’emploie est féroce…

Les personnages portent pratiquement tous un nom de famille relatif à la faune : Canard, Hamster, Husky, Turbot, Canis, etc. Les jeux de mots relatifs au monde animal sont légion : pédigree, boiteux, retomber sur ses pattes,… Ce qui peut paraître drôle et pittoresque au début devient franchement ridicule… jusqu’à la nausée. Bon exercice d’écriture, certes, mais trop laborieux pour un lecteur cherchant du plaisir. L’auteur utilise également à l’envi le langage parlé sans que cela appartienne aux dialogues, Peut-être cela est-il du à sa (dé)formation théâtrale… pourtant le dialogue, tant représenté au théâtre, est ici quasiment absent. Il s’agirait plutôt de réflexions, d’impressions ressenties par Juliette,… De plus, l’usage de la virgule est trop souvent négligé: ce qui peut donner une sensation de légèreté, de rapidité, ne fait que contraindre le lecteur à revenir quelques mots en arrière pour être sûr de bien comprendre. Tout cela engendre une fluidité superficielle et trompeuse de la lecture.

Les 100 premières pages s’étendent longuement sur les aventures sentimentales de Juliette, ses frustrations, ainsi que pour son goût pour le théâtre. On est loin du monde universitaire et de ses coups bas. Peut-être cela est-il abordé dans les pages suivantes ? Je l’ignore car, contrairement à mes habitudes, j’ai interrompu ma lecture sans désir de la reprendre plus tard…