Kathy
de Patrice Juiff

critiqué par Laure256, le 20 mai 2008
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Avec ce 2ème roman, Patrice Juiff confirme tout son talent
Avec "Frère et sœur", Patrice Juiff nous avait déjà montré combien il était maître dans l’art du roman sombre et douloureux, violent mais pourtant attachant à l’égard des personnages. Dans Kathy, il reproduit toute cette horreur qui sera toutefois là encore sublimée par l’amour.
Kathy a 3 ans lorsque sa mère l’abandonne. Adoptée par une famille aimante, elle n’aura de cesse de revenir vers sa famille de sang, dès sa majorité venue. Une famille où règne la misère tant sociale qu’intellectuelle, une famille où l’amour, qu’il soit marital, paternel ou fraternel ne se traduit que par les coups, la violence, le viol, l’inceste. On ne cesse de se demander pourquoi Kathy revient supporter les humiliations et la maltraitance qu’ils lui infligent, pourquoi dans son immense gentillesse elle leur donne tout et en demande encore. Court-on vers une vengeance finale ? (C’est l’hypothèse de lecture qu’on est tenté de faire, mais non…)

Des phrases courtes encore, comme dans "Frère et sœur", des situations à peine soutenables, et pourtant on comprend Kathy, on perçoit ici ou là un peu d’amour maternel et l’on s’attache à ces personnages sur le fil. Dans l’horreur éprouvante il y a la rédemption finale, toute relative, mais ô combien revigorante pour le lecteur, heureusement.
D’une force et d’une violence inouïe, Patrice Juiff nous prouve une fois encore avec brio que les mots à eux seuls sont déjà assassins.
Patrice Juiff : ambiance, ambiance ! 8 étoiles

A trois ans, Kathy est confiée par sa mère à l'orphelinat. 15 ans plus tard, le jour même de ses 18 ans, elle quitte définitivement sa famille adoptive pour revenir chez les siens. Sa "vraie" famille est un cumul de tout ce qui peut déconner chez les gens : ils sont miséreux, abrutis, alcooliques, menteurs, voleurs, ils tabassent, ils maltraitent. Mais Kathy y va à fond, elle a ce besoin de consolation impossible à rassasier, si elle a été abandonnée c'est qu'elle était indigne, son seul objectif est de se faire accepter. Elle accepte tout, en redemande. Ambiance...
Cette histoire est adaptée d'un fait réel qui s'est déroulé en 1997 dans le nord de la France. On a du mal à intégrer le côté christique de Kathy, on aimerait qu'à l'instar du ménage elle nettoie un peu cette famille, ou alors pouvoir la condamner et la laisser dans son jus. Mais notre empathie nous refuse toute issue, on est piégés dans cette histoire gluante et repoussante, et parce qu'il y Adèle et Pam, et Mama, on croit toujours à un petit bout d'espoir...
Un roman très efficace qui meurtrit son lecteur.

Cuné - - 56 ans - 2 août 2008