Samuel est mort de Carino Bucciarelli

Samuel est mort de Carino Bucciarelli

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Kinbote, le 29 octobre 2001 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 3 920  (depuis Novembre 2007)

Une mise en question de l'identité

En quatre parties et trois intermèdes, les données initiales du roman vont imperceptiblement basculer. L'assassiné va devenir l'assassin, le meurtre changer d’objet comme si la mort pouvait être échangée sans que l’axiome de départ, l’annonce (au sens de jeu de cartes) ne soit modifiée :
Samuel est mort, et restera bien mort. Bucciarelli met en scène l'interchangeable de nos vies. Il montre les limites de notre identité, sur quoi elle bute, ce qui la fonde : presque rien, peut-être notre appartenance à un genre sexuel, puisque Mercredi devient Samuel, et non Agnès ou Ondine, les personnages féminins du récit.
Le passage, la passe, s’effectuent par l'acquisition d'un autre contexte familial, d'une autre femme. Est-ce à dire que seules nos pulsions charnelles nous conduiraient ? Le nom en tant que mot, signe au-delà du corps vivant, nous survivra de toute façon plus longtemps. On dira de nous : Untel est mort, quand notre conscience sera éteinte et que nous ne serons plus là pour le croire. Cette histoire aux lignes apparemment claires mais qui très vite se chevauchent, s’entremêlent comme deux courbes de graphiques qui brouilleraient leurs repères sur les axes n'est qu’un prétexte à peindre l’aspect, somme toute, romanesque de nos existences : la surprise des rencontres qui se dissipe dans le continuum relationnel, notre mémoire oublieuse de nos passions comme de nos emportements d'hier, la trajectoire qui mène de nos envies à nos dégoûts, acquisitions et supposées propriétés de toutes sortes qui nous appartiennent au fond si peu. Il ressort de cette lecture une impression de malaise, née de cette chaleur qui fait, dans le roman, fondre les certitudes, de cette impossibilité foncière à sortir de soi puisque soi est aussi bien chacun, que rien ne nous distingue d’autrui dans l’état d’indifférenciation généralisé, que je est vraiment un autre. Ce n'est pas le moindre mérite de ce roman que de nous avoir donné sous des dehors de roman policier, une rare impression de vie dans ce qu’elle a de pathétique, de convenu, de formidablement dérisoire.

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