Mrs. Miniver
de Jan Struther

critiqué par Aria, le 10 mai 2008
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Chroniques d'un bonheur tranquille
Ces chroniques ont été écrites et publiées dans le Times londonien en 1938 et 1939.

Jan Struther*, l’auteur, a créé le personnage de Mrs. Miniver, jeune femme de la bonne bourgeoisie, sympathique et pleine d’allant.
Caroline Miniver est mariée à un homme qu’elle aime, architecte qui a percé, ce qui leur permet d’avoir une vie très confortable. Ce couple complice et très uni a trois enfants, dont l’aîné est à Eton College.

Ces chroniques sont comme de courtes nouvelles qui narrent des moments de vie tout simples : l’enchantement des enfants pour le feu d’artifice tiré tous les ans le Jour de Guy Fawkes (le 5 novembre), les listes lues et relues des emplettes de Noël, l’air délicieux à Londres le premier jour du printemps, la discussion très cocasse entre les époux à propos des couples qu’il vont inviter à leur prochain dîner, le départ dans une voiture qui déborde pour les grandes vacances à la campagne…

Le personnage de Mrs. Miniver est un exemple de gentillesse, de savoir-vivre et de gaieté. Même lorsque la Guerre approche, elle essaie de trouver des côtés positifs : par exemple, le fait qu’elle sache conduire lui permettra de se rendre utile et elle s’imagine chauffeur d’un Colonel respectable. L’humour est toujours sous-jacent.

La quatrième de couverture parle de «grâce surannée». Voilà des termes qui ne me paraissent pas du tout adaptés.
Les textes, pleins de finesse et de précision à la fois, décrivent, certes, un monde qui nous paraît bien lointain. Ces chroniques sont très joliment écrites, très attachantes, elles ont parfois leur dose de philosophie.
Les anglophiles trouveront vraiment leur bonheur dans ce livre simple et requinquant, car c’est un livre plein d’amour.


« La route continuait à s’élever. A travers l’herbe, l’ossature de la terre commençait à percer en cicatrices et renflements rocheux. Puis les champs disparurent ; il n’y eut plus que des landes désertes et nues…L’air très vif avait la fraîcheur d’un cœur de laitue ; il ne rappelait en rien la lourde et opulente atmosphère des contrées du sud qu’ils avaient traversées au cours de la matinée. En avançant ainsi vers le nord, dans l’espace, songea Mrs. Miniver, ils semblaient avoir reculé dans le temps, renversé l’irréversible, ressaisi, en cette fin d’été, la sensation du printemps…Dans le rétroviseur, elle apercevait, diminuant rapidement, le bout de route où ils venaient de s’arrêter. Et elle s’étonna de n’avoir jamais songé qu’il est impossible de s’orienter avec succès dans l’avenir, si l’on ne garde, toujours encadrée derrière soi, une petite et claire image du passé.»


*Jan Struther, née en 1901, a été évacuée vers les Etats-Unis. Ses chroniques réunies en un volume, ont été un best-seller, très apprécié des Américains.
A noter l’excellente traduction de Berthe Vuillemin et Josette Chicheportiche.