Paroles de gourmandise
de Marie Rouanet

critiqué par Shelton, le 1 mai 2008
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Quel délice...
Cette petite collection des éditions Albin Michel n’a qu’un seul objectif, celui de proposer au lecteur curieux, et il n’en manque pas, une petite sélection de textes permettant soit d’ouvrir une réflexion sur un thème donné, soit d’offrir un instant de bonheur poétique à une période où cet art méditatif et évocateur connaît de grosses difficultés à s’imposer commercialement alors que nous aimons toujours autant la poésie…
C’est Marie Rouanet qui a eu l’honneur et la joie de recueillir les textes sur la gourmandise. Cela ne m’a absolument pas surpris car j’ai lu quelques textes de Marie où l’on sentait que la gourmandise l’habitait, je dirais même d’une façon sensuelle tant les goûts et les odeurs sont importantes pour cette romancière. Je ne l’ai rencontrée qu’une seule fois et nous n’avons pas eu le bonheur de partager un repas, mais en voyageant dans son choix sur la gourmandise je me dis que je suis passé à côté d’un moment inoubliable…
Qui affirme encore que la gourmandise est un péché ? Pas Marie Rouanet qui dans son introduction nous écrit :
« La gourmandise est un rêve de bouche autour duquel on tourne longuement avant de le satisfaire… Elle n’est là que pour nous illuminer, pour que nous nous sentions plus mortels, donc plus vivants, à l’instant où la bouche s’empare d’une parcelle de l’univers magnifié et méconnaissable, à la mesure exacte d’un éphémère mais total bonheur ».
Pour le reste laissez-vous porter. Je ne savais pas qu’Anatole France peu réputé pour amuser la galerie avait chanté les bienfaits du cassoulet alors que je fus moins surpris de découvrir Arthur Rimbaud au Cabaret-Vert ! Les tomates sensuelles de Joseph Delteil ont réveillé des souvenirs d’enfance… Une sentence de Brillat-Savarin figurera dans mon bureau, dorénavant, car je suis bien d’accord avec lui quand il affirme : « La découverte d’un met nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile ».
Enfin, la prochaine fois que je devrais m’absenter, c’est sans scrupule que je laisserai derrière moi le message suivant : « Fermé pour cause de cassoulet ! ».
Voilà donc un merveilleux petit livre qui prendra sa place dans votre cuisine, dans votre chambre, dans votre salle de bain ou dans votre bibliothèque. De toute façon, partout où vous le poserez, il y sera chez lui et vous au mieux !