La vie extérieure de Annie Ernaux

La vie extérieure de Annie Ernaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Shelton, le 23 avril 2008 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 67 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 346ème position).
Visites : 5 680 

Pour moi, c'est excellent !

J’ai déjà qualifié Annie Ernaux d’écrivain de la vie quotidienne, de la banalité… Pas pour la dévaloriser ! Bien au contraire ! C’est parce qu’elle transforme notre quotidien en tragédie ou tragi-comédie qu’elle peut être rangée, classée, positionnée en véritable auteure… Enfin, une femme qui parle de la vie, la vraie, celle qui nous préoccupe tous les jours… Alors certains pourront trouver cela ennuyeux, fade, lassant… d’autres merveilleux, magique, enchanteur… moi, je dis que c’est, tout simplement, le récit d’une vie bien ordinaire, celle que nous vivons et, donc, nous avons beaucoup de facilité à nous glisser dans les personnages des œuvres d’Annie Ernaux car ils nous ressemblent…
L’écriture simple, certains diraient minimaliste, d’Annie Ernaux, du moins dans cet ouvrage, ressemble beaucoup à celle de Paul Auster dans son Carnet rouge, un petit livre dans lequel il avait fixé des rencontres, des personnages croisés dans le métro new-yorkais. Annie Ernaux nous emmène, dès le départ, dans le RER, ce fameux transport en commun, sorte de métro de l’Île de France, souvent aérien, parfois souterrain… Et il s’en passe des choses dans ce RER, et encore elle ne nous raconte pas tout…
Au départ, on a l’impression que Annie Ernaux va simplement nous parler des gens qu’elle croise, qu’elle voit, qu’elle entend…
« Une femme non maquillée assise en face de son fils, un préadolescent, dans le RER vers Denfert. Elle lit un journal féminin. Il remue les jambes, se cache la tête derrière son cartable, tous les signes montrant qu’il ne sait pas quoi faire de son corps.
Mais, en fait, très rapidement, on comprend bien que ces rencontres, ces croisements, ces personnages du RER, des rues ou des magasins sont autant d’occasions pour Annie Ernaux de nous parler d’elle, certes de façon indirecte, mais d’elle quand même. En effet, ce peuple, ces gens ordinaires, elle en fait partie, à coup sûr ! Elle écrit sur tout le monde pour rappeler ce que l’on vit, ce qu’elle vit. Et quand l’actualité internationale fait irruption dans le monde, elle fait irruption dans sa vie et elle peut dire : « Ecrire cela, et tout ce que j’écris ici, comme preuve. »
Oui, elle écrit pour se prouver qu’elle existe, que nous existons, que la vie continue malgré tout !!!
Ce livre que certains ont nommé, un peu trop rapidement, journal est pour moi un livre admirable, une sorte de preuve absolue que la littérature nous touche au plus profond de nous même puisque nous en sommes les héros à part entière…
Certains moments peuvent nous toucher plus que d’autres… « Sur les panneaux publicitaires est réapparue cette belle femme au visage grave, cheveux lisses en chignon bas, qui dévoile complètement un sein en le soulevant légèrement comme si elle s’apprêtait à allaiter. Mais le sein un peu affaissé est celui d’une femme mûre et il est atteint d’un cancer. Le regard de la femme croise celui des autres femmes partout, dans le métro, dans les rues. » Nous sommes le 26 mai 1994. Quelques années plus tard, Annie Ernaux prendra le RER et le métro pour se rendre à l’institut Curie pour se faire soigner de son cancer du sein… Elle en parlera dans son ouvrage « L’usage de la photo »… Elle était devenue une femme concernée par ce message de 1994…
On rencontrera dans cette « vie extérieure » des échos des évènements en Bosnie-Herzégovine, en Russie, à la télévision, à Cergy…
Un très beau livre, une très belle littérature et un très bon moment à passer en compagnie d’une femme de lettres étonnante que j’aime beaucoup…

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Les éditions

  • La vie extérieure [Texte imprimé], 1993-1999 Annie Ernaux
    de Ernaux, Annie
    Gallimard
    ISBN : 9782070758005 ; 11,70 € ; 31/12/2000 ; 130 p. ; Relié
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Peu d'intérêt

4 étoiles

Critique de Cecezi (Bourg-en-Bresse, Inscrit le 3 mars 2010, 43 ans) - 12 novembre 2022

Quelques "notes vues", au fur et à mesure d'impressions, de rencontres, de faits d'actualité... Autant me replonger par ce biais dans une époque (1993 - 1999) est intéressant et fait écho à mes souvenirs, autant la vision du monde et la scénarisation des "choses vues" ne m'inspirent pas beaucoup. Souvent, cela ne dépasse pas les clichés d'époque. Bref, je ne pas vraiment vu l'intérêt de ces moments de "vie extérieure".

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