Rose bonbon
de Nicolas Jones-Gorlin

critiqué par Bertrand-môgendre, le 11 avril 2008
(ici et là - 68 ans)


La note:  étoiles
bonbon au goût rance amer
Présentation et avertissement de l'éditeur

Rose bonbon est une oeuvre de fiction.
Aucun rapprochement ne peut être fait entre le monologue d'un pédophile imaginaire et une apologie de la pédophilie.
C’est au lecteur de se faire une opinion sur ce livre, d'en conseiller ou d'en déconseiller la lecture, de l'aimer, de le détester, en toute liberté.

Quatrième de couverture

« Tout a commencé quand j'ai repéré Dorothée.
Au ciné, je me suis assis dans mon fauteuil habituel, pas très loin de l'écran, au milieu de la rangée, celui qui me donne un super point de vue sur le reste de la salle, et l'impression d'être au centre.
Le mercredi, le jour des enfants. Là, ils passaient Blanche-neige.
J'adore regarder le visage des gosses quand elle croque la grosse pomme toute rouge, leur bouche en cercle, leurs yeux qui s'allument, le feu sur les joues.
D'habitude, je me case au fond de mon fauteuil, et je me mets à l'unisson de la salle, et les émotions des gosses me viennent par ondes successives, me pénètrent, me remplissent, une vague de chaleur qui s'insinue dans mon corps, et me submerge, et où je me noie doucement, progressivement. Je suis un mort à qui on donne une nouvelle vie. Une pile qu'on remplit. Voilà comment ça se passe d'habitude. Je suis même pas obligé de regarder; parfois, leur seule présence, l'écho des voix, une odeur, ça me suffit.
Et puis, il y a eu Dorothée... » - Nicolas Jones-Gorlin est l'auteur de Poupées.

Mon commentaire :

Un texte à prendre avec les pincettes de la rigueur, guidées par les tabous de la morale et de l’introspection réunies.
Je suis un être formaté pour rejeter tout ce qui concerne les relations sexuelles entre adultes et enfants. Cette tentative romanesque d’aborder le sujet délicat de la pédophilie ressemble à une thérapie. Car effectivement la maladie est réelle. Curieux de nature, je reste pourtant excédé par ces discours de compassion, ces tentatives désordonnées d’analystes soporifiques tentant de décrypter cette forme de déviance dangereuse.

Concernant la polémique soulevée par les associations de protection de l’enfance. Malgré le thème délicat, jamais je n’interdirai ce genre de livre par une quelconque forme de censure.
Il n’est de sujets plus tabou que ceux qui se complaisent, dissimulés dans la boue.
Livré au grand jour, le savoir, l’information, les risques énoncés, évitent bien des surprises.

Après cette lecture, j’ai un dégoût persistant dans la bouche, des haut-le-cœur incontrôlables. Merci à l’auteur pour cette pirouette : la statue de bronze semble ressembler à la justice des hommes si douloureuse à supporter qu’elle en devient castratrice. Et c’est tant mieux.

Je pense que l’auteur a joué sur le tableau de la provocation pour se faire connaître. Un livre à lire par toutes les personnes qui travaillent avec des enfants. Ils n’en seront que mieux informés des horreurs à combattre sans relâche.