Le porteur de flambeau de Arvo Valton

Le porteur de flambeau de Arvo Valton

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Débézed, le 30 mars 2008 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 6 étoiles
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Rue du prolétaire rouge

A priori Arvo ce n’était pas gagné entre nous car la nouvelle n’est pas mon style littéraire de prédilection et la littérature absurde permet trop souvent à des auteurs en défaut d’imagination de dire n’importe quoi sous prétexte que de toute façon c’est absurde. J’ai donné, et même trop, dans ce genre d’auteurs surtout américains d’ailleurs. Mais toi Arvo, ton traducteur a eu la prudence de nous avertir dans son propos liminaire à ce recueil de nouvelles et de nous rappeler que tu avais de très bonnes raisons d’utiliser ce mode de narration pour faire passer tes messages. En effet, « Ce n’est qu’à partir de 1968 qu’Arvo Valton tourne le dos au réalisme de ses début et invente un style personnel, fondé sur l’absurde et le grotesque » et qu’ainsi « les nouvelles d’Arvo Valton ont joué un rôle considérable dans son pays (l’Estonie) pendant les temps difficiles de la « stagnation », en incarnant, face au régime brejnevien, la liberté de l’esprit et la dénonciation du totalitarisme ».

Fort de ces précieuses informations, j’ai pu aborder ton recueil avec une plus grande objectivité et j’ai mieux compris ces personnages anonymes qui errent dans un monde indéfini, glauque, souvent nocturne ou sombre pour essayer de réveiller les consciences endormies des masses en butte à une nuée d’interdits ou face à des obligations contraignantes ne laissant aucune place à la liberté. On lit clairement entre les lignes la dépersonnalisation imposée par un régime opaque avec l’aide d’une administration zélée et totalement absurde (La réalité dépasse la fiction).

Ces nouvelles dénoncent explicitement les diverses carences du système : abrutissement des masses, crise du logement, suspicion permanente, complexité du système, standardisation généralisée, absurdité administrative, … toutes les tares que dénonçaient déjà le couple Kehayan dans « Rue du prolétaire rouge » dans les années soixante-dix.

Ta plume se fait parfois plus audacieuse et tu n’écris pas qu’entre les lignes, tu balances aussi, quelquefois, au détour d’un paragraphe quelques bonnes sentences du genre : « Le collectivisme moderne n’a pas que des bons côtés,… », « Leur appartement devait être un refuge, une de ces innombrables cellules de pierre où les individus se retranchent dans leur singularité, séparés par des cloisons standard en béton. » ou « Qu’est-ce que vous avez à vous agiter et à jacasser ? Est-ce que les gens n’ont pas le droit, parfois, de faire ce qui leur plaît ? »

Et que ta plume soit un secours pour la littérature estonienne qui vit des jours difficiles sur un marché très étroit et qui doit mieux s’exporter pour pouvoir exister et susciter la création.

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Les éditions

  • Le porteur de flambeau [Texte imprimé], nouvelles Arvo Valton trad. de l'estonien par Antoine Chalvin
    de Valton, Arvo Chalvin, Antoine (Traducteur)
    V. Hamy
    ISBN : 9782878580334 ; 17,50 € ; 17/09/1992 ; 178 p. ; Broché
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