Salto solo
de Pascale Petit, Benoît Jacques (Dessin)

critiqué par Feint, le 30 mars 2008
( - 60 ans)


La note:  étoiles
« Pour tomber en même temps que lui quand la nuit tombe »
« Les archères dont le masculin n’existe pas sont toujours représentées de profil, jamais de face.
Elles viennent – dit-on – tardivement des régions chaudes.

Pendant les deux ou trois premières années, on ignore ainsi ce qu’elles regardent de face et ce qu’elles recèlent d’étrange ou de familier.
Or, il est probable qu’elles ne regardent pas toutes la même chose.
Il n’y a pas de grands champs d’archères, ce ne sont pas de grandes fleurs.
Quand elles sont plusieurs, elles s’entre-tuent. »
(p. 11)

« Les hommes gonflables se déplacent en groupe, collés les uns aux autres pour qu’on les confonde, apparemment lucides et incrédules. Ils conversent lentement entre eux.

De loin, on croit qu’ils ne bougent pas, que ce sont des bancs de sable.
Ou bien on se dit que leur vol ressemble à une dérive sauf que chacun de leurs gestes est étudié selon un angle précis si bien qu’après de longues phrases, on devine leur trajectoire. »
(p. 24)

Ce sont les règles, naturelles et mystérieuses, auxquelles obéissent d’étranges silhouettes qui semblent habiter les rêves – et dans lesquelles cependant on finit par se reconnaître soi-même. Déjà, dans ce beau petit livre (ou ce petit beau livre ?) à la finition impeccable (beau travail aussi de l’éditeur) illustré par Benoît Jacques (dommage qu’on ne puisse pas aussi reproduire les dessins), Pascale Petit, dans sa langue singulière, nous parle de nos amours.