La Table-aux-Crevés
de Marcel Aymé

critiqué par JEANLEBLEU, le 20 mars 2008
(Orange - 56 ans)


La note:  étoiles
Un excellent roman !
L’histoire se passe dans le village de Cantagrel (dans le Jura) quelques années après la guerre 14/18. La narration s’articule autour du personnage d’Urbain Coindet (paysan dans ce village).
Cet homme se trouve pris dans une tourmente au carrefour de conflits dont il est le trait d’union (conflit entre les cléricaux (les « calotins») et les républicains (dont fait partie Urbain Coindet), conflit due à sa belle-famille à propos du suicide de la femme d’Urbain Coindet (ce suicide marque le début du roman), et enfin conflit avec les habitants du hameau de Cessigney (hameau en forêt qui dépend de Cantagrel) à propos d’une fille de ce hameau (Jeanne Brégard) qui est éprise d’Urbain Coindet).
Marcel Aymé déploie tout son grand art de conteur pour nous dépeindre l’ensemble des protagonistes en réussissant le tour de force de les rendre tous crédibles et humains (ils ont tous leur bons et leurs mauvais côtés que l’on ait envie de prendre partie pour eux (comme pour Urbain Coindet par exemple) ou contre eux (comme Milouin le beau-père par exemple).
Tous les (nombreux) personnages sont ainsi inoubliables (Urbain Coindet, Jeanne Brégard, Victor Truchot (le meilleur ami d’Urbain), Capucet (le garde champêtre), le Curé, La Cornette (la bistrotière), Frédéric Brégard (le frère de Jeanne), Louise Truchot (la femme de Victor), etc…) et cette tornade qui saisit le village et ses habitants avec le suicide d’Aurélie Coindet va finir dramatiquement.
Comme d’habitude avec Marcel Aymé, l’humour et le sourire indulgent ne sont jamais éloignés face l’analyse très aigue des faiblesses de l’humanité. Les personnages en deviennent, finalement, attachants.
Le tout exprimé dans une langue remarquable, précise et simple (en apparence) qui arrive à exprimer toute la complexité humaine.
(Re)découverte 9 étoiles

Qu’ajouter à la critique principale? Si ce n’est un remerciement à JEANLEBLEU pour cette découverte.
Très bon roman où j’ai eu plaisir à retrouver le style de Marcel Aymé

Un conseil toutefois: évitez si possible de le lire dans la collection Soleil. Comment Gallimard a-t-il pu laisser passer tant de fautes d’orthographe ?

« La cuisine était propre. Au milieu, l’Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou. De grand matin, courbée sur son cuveau, elle avait entrepris de buander le linge. Au soir, elle avait eu envie de mourir, tout d’un coup, comme on a soif. L’envie l’avait prise au jardin, pendant qu’elle arrachait les poireaux pour la soupe. »

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 8 novembre 2011