La saison des pluies de Graham Greene

La saison des pluies de Graham Greene
( A burnt-out case)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saule, le 20 mars 2008 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 861ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 7 020 

Comme au ciné !

Querry est un homme usé, marqué par la vie. Il a perdu sa foi religieuse et déclare ne plus croire en rien, mais c'est un homme tourmenté que la question de la foi obsède. Il fuit la société et échoue dans une léproserie au bout de l'Afrique, dans un endroit ou il est impossible d'aller plus loin car la piste s'arrête. Au contact de la mission, de son ami docteur et des patients qu'il faut aider, sa vie va recommencer. Mais lorsqu'un journaliste débarque son passé se rappelle à lui.

Ce livre est un chef-d'oeuvre : il y a une puissance romanesque et une puissance d'évocation incroyable. Le style est très visuel : les personnages crèvent l'écran comme on dit au cinéma. C'est à la limite du manichéisme parfois : les bons et les mauvais, mais ça fait partie du genre, et l'auteur parvient à nous faire prendre cause, ce qui nous implique totalement dans le récit. Il y a aussi le décor qui se marque dans notre esprit, on se croirait dans un film ou alors dans une vielle BD style Tintin au Congo : l'Afrique, avec les insectes, la chaleur, ma misère mais une joie de vivre malgré tout. Il y a des colons stupides, des jésuites et des religieuses, et puis des personnages secondaires formidables (l'innocente Marie). Certains passages resteront inoubliables, la discussion la nuit entre Marie et Querry, et puis le lendemain lorsque Marie va prier dans la cathédrale pour être heureuse car "ça couvre tout". L'auteur a un humour invraisemblable par moment, ainsi dans son traitement du journaliste cynique.

A part l'aspect romanesque insurpassable, le livre est aussi une réflexion sur la foi, enfin sur la perte de la foi surtout, sur l'athéisme et la religion. Le personnage principal est un croyant renégat, mais malgré cela beaucoup de gens voient en lui un Saint qui reçoit la grâce suprême de la purification par le doute. Son ami, le docteur, est un athée convaincu, d'un profond humanisme et que la question religieuse ne tourmente pas du tout. A l'opposé, le responsable jésuite de la mission, un brave père qui ne s'embarrasse pas de dogmes ni de morale pour consacrer sa vie à faire le bien, est l'archétype de la foi tranquille, cette foi qui n'est plus accessible au personnage principal.

Ce livre est une merveille et je viens de découvrir un très grand auteur.

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Les éditions

  • La saison des pluies [Texte imprimé] Graham Greene traduit de l'anglais par Marcelle Sibon
    de Greene, Graham Sibon, Marcelle (Traducteur)
    R. Laffont / Bibliothèque Pavillons
    ISBN : 9782221107119 ; 9,00 € ; 15/11/2007 ; 372 p. ; Poche
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Excellent, mais...

9 étoiles

Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 2 juin 2010

Deux belles critiques, celles de Saule et de Antinea, pour ce très beau livre, mais… !
Mais ! Ce livre de Graham Green a été écrit après beaucoup d’autres et, fervent lecteur de cet écrivain, il m’a semblé qu’ici, il se répétait quelque peu. Surtout dans ses personnages.
Les personnages de La Saison des Pluies m’ont apparu un peu comme des répliques des personnages des livres précédents. C’est un peu comme si Graham Green s’était appliqué à faire du Graham Green, et comme si ce livre avait été écrit « sur commande ».

En plus de cette sensation de « déjà vu », il m’a semblé que les personnages de La saison des Pluies étaient un peu stéréotypés ; ils n’ont plus la même épaisseur, me semble-t-il, que ceux de La Puissance et la Gloire et ceux du Fond du Problème, par exemple.

Mais c’est sans doute un tort d’exiger qu’un auteur se maintienne toujours sur les sommets et, ces quelques réserves étant faites, disons tout de suite que la Saison des Pluies est un grand roman ; si c’est le premier roman qu’on lit de cet auteur, il est normal qu’on le porte aux nues.

Graham Green est un géant des belles lettres. Ce roman n’est peut-être pas son meilleur, il n’en est pas moins une petite merveille de la littérature contemporaine.

La sixième plaie

8 étoiles

Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 1 juin 2010

Querry est un homme blasé qui débarque un beau jour dans une léproserie africaine, au hasard de sa fuite du monde dit « civilisé ». Il ne dit rien sur son passé, et, dans cet endroit où seul compte le combat contre la maladie, on se fiche bien de savoir qui il est. On le pense taciturne, peut-être tourmenté et on s’étonne de le savoir là et surtout de le voir s’en satisfaire. Il s’implique même dans les soins portés aux patients, accompagne, une nuit de solitude, les souffrances d’un homme sans doigt et se lance, avec le Docteur Collin, dans la construction d’un hôpital.
Un homme pareil ne peut-être qu’un Saint, ou du moins un fervent catholique, se dit Rycker, colon avec tout ce que le terme contient de péjoratif, catholique lui-même et qui souhaiterait voir le monde – et surtout sa femme – se soumettre à ses quatre volontés car lui seul sait comment il faut se comporter en bon chrétien. Et avec ce jugement à côté de la plaque commencent les ennuis de Querry, et la fin de son anonymat…

La belle critique de Saule rapporte bien les thèmes principaux développés dans cette histoire et – apparemment – chers à l’auteur. Je ne dirai donc pas grand-chose de plus avec cette critique « flash » si ce n’est que l’histoire en elle-même, qui insiste sur le pouvoir dévastateur des opinions toutes faites et souvent erronées, est menée ici avec brio. Ça énerve, ça révolte… On ne peut que constater la médiocrité du monde, la bêtise des médias, l’ânerie des « bien pensants », lèpre immonde de nos sociétés modernes. Et finalement on se prend nous aussi à rêver à Pendélé, ce lieu reculé, ces origines inaccessibles que le lépreux voulait rejoindre parce qu’enfant il y avait connu le bonheur…

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  Graham greene qui fait du graham greene 3 Saule 2 juin 2010 @ 22:34

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