Juliette toute seule
de Florence Klein

critiqué par Jean Meurtrier, le 14 mars 2008
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
La scène à contre-courant
Juliette, en compagnie de son bon génie Dionysos, nous raconte qu’elle a toujours rêvé de faire du théâtre. Un jour l’occasion se présente de jouer Roméo et Juliette. Seulement il s’agit de théâtre d’avant-garde; elle doit donner la réplique à un Roméo virtuel, uniquement visible sur écran. L’ennui la gagne rapidement. Son professeur de chant qui la suivait depuis un moment l’envoie d’un geste dans une sorte de songe qui la plonge dans le passé.
Elle y fait la connaissance d’Antoine, régisseur d’un théâtre ancien aux décors de carton-pâte dans lequel joue Sarah (Bernhardt), une actrice prétentieuse mais qui jouit d’une certaine aura au-delà de ses attitudes théâtrales. Le régisseur est davantage attiré par l’extrême réalisme du théâtre libre de Stanislavski qui met en scène Tchekhov. L’actrice principale, Olga (Knipper), s’applique à entretenir ses émotions pour rester convaincante.
Allant de surprise en découverte, Juliette fait la rencontre d’un élève de Grotowski, adepte du théâtre pauvre. Viennent ensuite Hélène (Weigel), épouse engagée de Bertolt Brecht, et Valentine, une actrice habituée à jouer les acrobaties propres à Meyerhold.
«Juliette toute seule» présente quelques grands noms du théâtre du vingtième siècle au travers d’un voyage onirique dans le passé. Le rêve décousu de Juliette rappelle «Alice au pays des merveilles». Tout en cherchant une sortie, On y découvre des petits passages qui conduisent à des gens occupés à faire des choses étranges.
Cette pièce est à priori un long monologue récité par Juliette, le personnage principal. Mais il comprend quelques dialogues dont la réplique pourrait éventuellement être donnée par d’autres acteurs. Curieusement, ce n’est pas le cas avec Dionysos dont on n’entend jamais les interventions. Il est également déconcertant de constater que Juliette parle parfois d’elle à la troisième personne, comme si elle était alternativement actrice et spectatrice.
Florence Klein ne propose rien de très original ni de très subtil, son but étant principalement pédagogique: mettre le théâtre à l’honneur grâce à son prestigieux passé. Joué devant un public de jeunes adolescents, ce spectacle devrait raisonnablement remplir sa mission éducative.