Charlémoi
de Christine Jeanney

critiqué par Cuné, le 14 mars 2008
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Compatissante, un mot qui ressemble un peu à pâtissière mais en calme.
"Dans mon histoire vraie il y a une fin au milieu"

J'ai lu d'une traite, puis relu en cornant et soulignant, puis souri aux anges en me frottant les mains : ça existe !

Oui, ça existe des premiers romans chez des éditeurs étonnants (collection Esthétique (inavouée) de la béatitude : Ah ouais ?!) qui sont comme la première bouchée d'un gâteau encore tiède : chbing ça touche directement le centre du plaisir dans le système nerveux, ça fait une onde, on plane et c'est trop bon.

Maintenant faudrait être bien maligne (ou se creuser fort les méninges) pour en parler sans en dire trop, parce que c'est un roman dont il ne faut rien savoir !

L'idéal c'est ça, vous me faites confiance et vous vous le procurez sans avoir la moindre idée de ce dont ça parle, pour comme moi découvrir tout petit à petit et assembler les pièces au fur et à mesure (il y a un ressort à un moment, une construction intéressante).

S'il vous faut vraiment un cadre, la 4° de couverture n'en dit pas trop, en gros le narrateur est un auteur de livres pour enfants en pleine grosse fatigue. Il s'isole dans un chalet des Vosges pour "se reposer", et dans une allée de supermarché il croise un petit minot qui le reconnait. Du coup il se met à écrire son enfance en ayant en tête quelqu'un à qui s'adresser, mais mêlé à son présent, et...

Et c'est du tout bon, ça fourmille d'inventivité et d'amour des mots, sans que ce soit jamais pénible ou compliqué à suivre. Comme de l'Oulipo qui n'en serait pas parce que là c'est drôle, c'est fin et on ne sent pas les contraintes, c'est fluide, pas réservé aux seuls amateurs du truc et surtout, surtout, ça raconte une vraie histoire qui flirte du côté de ce que j'aime, à savoir la nature humaine dans ses grandes et petites contingences. Avec des variations infimes, un peu d'absurde, mais pas trop, et une vraie beauté sous les mots, si je me laissais aller je dirais même une beauté d'âme qui transparaît, et je ne dis pas ça parce que Kiki est ch'ti :)

Je suis tombée en amour, quoi, et j'espère que vous serez nombreux à succomber aussi !
A relire 7 étoiles

J'ai l'impression d'être un peu passée à côté de ce livre. Je n'ai su m'attacher au personnage principal qu'à la fin du roman et n'en ai saisi les tenants et les aboutissants qu'à ce moment-là.

Le récit alterne les voix de Charlémoi qui occupe une grande partie de la scène et les prises de parole d'autres personnages que je n'ai pas toujours réussi à relier à l'histoire principale ; je me suis d'ailleurs fortement attachée à l'un d'entre eux (Gloria) et ai regretté de la perdre brutalement et sans vraiment comprendre pourquoi elle n'apparaissait plus.

Le style littéraire est certes très agréable, alternant cynisme et jeux de mots mais le roman me laisse cependant l'impression de nécessiter une seconde lecture pour, peut-être, mieux l'apprécier et entrer dans l'histoire dès le début.

Maylany - - 43 ans - 9 janvier 2010


Remarquable ! 10 étoiles

Charlémoi, c'est comme un carré de chocolat : quelques grammes (238 exactement) de finesse dans un monde de brutes. Un oasis de délicatesse au milieu des cactus de la vie.
Christine Jeanney a de la tendresse pour ses personnages, mais aussi des montagnes d'humour, d'émotion, qu'elle cisèle avec une plume qui n'a rien a envier à personne.
Charlémoi, c'est aussi un bout de vie que l'on voit comme à travers le trou d'une serrure, et c'est si frais que ça réchauffe le cœur, malgré le paradoxe apparent.
À lire ? Tout à fait mon adjudant.

Ialdabaoth - - 6 ans - 14 mars 2008