critiqué par Sahkti, le 4 mars 2008
(Genève - 50 ans)

La note: étoiles

Souvenirs libérateurs

Tout commence par un séparation, celle d'un couple. Histoire banale si il en est, qui prend des proportions inquiétantes chez l'homme victime de cette rupture. La déprime le guette, le malaise est profond.
En sa qualité de spécialiste littéraire, il doit se rendre à l'Est, dans le cadre d'une mission culturelle. Il connaît le sujet, le voyage semble intéressant et pourtant, rien n'est plus comme avant et ce séjour prend des allures de fuite. Il vient d'être quitté, ne l'oublions pas, et transporte avec lui ce poids dans ses bagages. Le caractère récent de cette fin de couple (avant que tu ne partes, j'allais oublier un truc: je te quitte) le poursuit et chaque élément du voyage devient prétexte à plongée dans les souvenirs. Une autre histoire vient s'imbriquer dans la première, le récit est double. Une autre femme, aimée trente ans plus tôt, prend possession de la mémoire.

Ce récit dans le récit permet à ce roman de bien tenir la route. Les souvenirs du principal protagonistes lui permettent de mener une quête identitaire qui, à défaut de la conduire à la délivrance du tourment, lui permet de faire la paix avec lui même, d'une certaine manière. Car il va trouver un exutoire, la voie lui offrant la sortie de cette torpeur destructrice et créatrice à la fois. la destruction d'un passé pour mieux construire le présent.
Sans doute pas le sujet le plus original qui soit, mais une écriture élégante et alerte apporte pas mal de charme à ce roman de Jacques Lefèbvre qui livre un beau portrait d'homme en souffrance. De plus, la narration en "vous" implique tacitement le lecteur qui s'identifie petit à petit à cette homme en quête de lui-même, à défaut du bonheur.