C'est pourtant pas la guerre : 10 voix + 1
de Maryline Desbiolles

critiqué par Feint, le 1 mars 2008
( - 60 ans)


La note:  étoiles
10 voix + 1
Maryline Desbiolles. C’est pourtant pas la guerre. « Recueil », lit-on sous le titre – il faut préciser le genre, pour le confort du lecteur. Mais cette fois, j’aime cette mention sous le titre. Dans C’est pourtant pas la guerre, Maryline Desbiolles a recueilli des voix, pour nous dire ce qu’est l’Ariane. C’est pourtant pas la guerre, mais parfois ça y ressemble.
L’Ariane au si beau nom est une cité à la périphérie de Nice. Les voix de ses habitants se mêlent à celle de l’auteur pour nous dire ce qu’y est la vie. La vie où une chose et son contraire sont vraies en même temps.
« Jamais je n’habiterai à l’Ariane » / « Pour rien au monde elle ne partirait de l’Ariane » / « Ici les gens s’arment de ce qu’ils savent de vous » / « Une entraide pareille, ça ne peut arriver qu’à l’Ariane » / « L’Ariane n’a pas eu une bon influence sur les enfants » / « L’Ariane est le lieu de son chant retrouvé, mon village dit-elle » / « C’est l’Ariane qui m’a rendu comme ça » / « L’Ariane nous emmaillote dans la solitude ».
A la périphérie de la ville, presque un non-lieu. Un fleuve la borde, le Paillon, au cours lui aussi variable comme celui d’un oued : selon la saison, selon le temps, il est méconnaissable. Sa rive donne une image de ce qu’est l’Ariane : une île, celle de la légende, celle de la femme abandonnée.
La matière est celle d’un documentaire, serait-on tenté de dire. Non : le sujet est, peut-être, celui d’un documentaire. La matière est celle de la littérature. Une voix prêtée, une toute sincérité, en toute subjectivité, à d’autres qui souhaitent, ou veulent bien, se faire entendre. Un travail en polyphonie, qui laisse les choses se dire, se contredire. Des femmes, des hommes sont là, qui ensemble ne vivent pas la même vie. Dans ce livre, la complexité ne devient pas simple ; elle devient belle.