Utu: Un thriller chez les Maoris
de Caryl Férey

critiqué par Sahkti, le 29 février 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le poids de la tradition
Paul Osborne était un ami de John Fitzgerald. Flics tous les deux à Auckland. Spécialistes des maoris. Un jour Paul est parti, direction l'Australie. Il revient en Nouvelle-Zélande après le suicide de Fitzgerald, non pas pour enquêter officiellement sur cette mort mais pour résoudre le vol d'une hache traditionnelle maorie chez un entrepreneur véreux.
Rapidement, Osborne se rend compte qu'il met le doigt dans l'engrenage infernal de l'opposition "Blancs/Maoris" et que ces conflits, vieux de plusieurs décennies, ne se sont calmés qu'en apparence. De fil en aiguille, d'enquête en enquête, Osborne laisse pas mal de morts autour de lui mais aussi de souvenirs du passé, lui qui ne s'est jamais remis de sa rupture avec Hana, jeune maorie violée dans sa jeunesse et n'ayant pas encore assouvi sa vengeance.

Une enquête impeccablement ficelée, prenante du début à la fin, avec un flic poivrot et drogué complètement bouffé par la rancoeur et la désillusion (il me semble que c'est un thème récurrent chez pas mal d'auteurs contemporains de polars, non?).
Avec en prime une riche et intéressante exploration de l'univers maori, grâce notamment à l'emploi de nombreux termes du vocabulaire de la langue maorie, de références aux us et coutumes et à l'histoire de la Nouvelle- Zélande. De quoi permettre au lecteur d'avoir, même juste un peu, une vision bilatérale des événements, tant du côté "blanc" que du côté "maori".
Utile, voire indispensable pour appréhender au mieux cette enquête, second récit de Caryl Ferey dans le milieu maori, après "Haka". "Utu" n'est pas vraiment une suite de "Haka", même si il y est plusieurs fois fait référence dans les récits, les deux peuvent se lire séparément sans ordre établi.
Terreur au pays du long nuage blanc 6 étoiles

J'ai retrouvé dans ce livre de belles descriptions des paysages néo-zélandais et des scènes d'affrontement kiwis vs maoris m'évocant un malaise que j'y ai déjà ressenti.

J'ai cependant eu du mal à avoir envie de suivre le personnage de John Osborne; il m'a d'abord dégoûtée, ensuite surprise, presque amusée, mais les innombrables rails de coke et le comportement d'Osborne envers son collègue Culhane ont fini (à la moitié du livre !) de me lasser du personnage.

Le déroulement de l'histoire est un peu poussif pour moi, qui ne suis pas une fan inconditionnelle de polars.

Lu7 - Amiens - 38 ans - 29 janvier 2010


La Nouvelle-Zélande, terre d'affrontement et de ségrégation 7 étoiles

Il ne s'agit pas de la suite de Haka, mais d'une prolongation. Sombre est le monde, sombre la Nouvelle-Zélande. Personne pour racheter l'autre, l'innocence n'existe pas, où alors elle est de ce flic alcoolique et toxicomane, Osborne, entré dans la police comme on entre en vengeance, et il faut le dire, salement perturbé. Tout est violence, le rapport de l'homme à l'homme, le rapport de l'homme à la nature. Pas de doute, ça va mal finir.
Parfois nauséeux, souvent juste dans le ton, le rythme, Utu est un coup de poing en plein plexus solaire. L'écriture est coupée en phrases courtes et percutantes, empreintes d'un style plus qu'efficace.

Vda - - 48 ans - 29 février 2008