Lettres à Claude Bourdet : 1931-1938
de Annemarie Schwarzenbach

critiqué par Sahkti, le 22 février 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Amitié humaniste
Ce recueil propose une soixantaine de lettres adressées par Annemarie Schwarzenbach (dont on fête le centenaire cette année) à Claude Bourdet, fils de Catherine Pozzi.
Des lettres à sens unique, seules figurent les missives de Annemarie Schwarzenbach, les lettres reçues de Claude Bourdet ayant été détruites par Renée Schwarzenbach à la mort de sa fille (comme tant d'autres correspondances entretenues par A.S.).
Dominique Laure Miermont, traductrice et auteur d'une biographie de A. Schwarzenbach tente de combler le vide en publiant des extraits de la correspondance échangée entre Catherine Pozzi et Claude Bourdet, écho qui permet parfois de retrouver l'une ou l'autre bribe de réponse.

Annemarie Schwarzenbach et Claude Bourdet font connaissance à Zurich en 1930. L'amitié survit aux années et Annemarie S. traduit depuis Berlin, à son ami, son angoisse face à la montée du nazisme. Il est intéressant de mettre cette angoisse en lumière grâce à l'oeuvre de Annemarie Schwarzenbach et sa biographie, le poids des engagements politiques familiaux trop lourds à porter pour la jeune femme.

"On a bien tort de rendre Hitler responsable de tout ce développement fatal. Il n'y aurait pas de fascisme si les démocraties de démissionnaient pas" (Dernière lettre de Annemarie Schwarzenbach à Claude Bourdet, novembre 1938)

Ces lettres sont accompagnées d'un vibrant témoignage rédigé par Claude Bourdet, en hommage à son amie disparue. De quoi éclairer davantage encore sa personnalité.

" Je fus du premier jour ébloui, misérablement frappé comme quelqu'un qui se sent tout à fait incapable d'atteindre ce qui lui paraît plus désirable que tout."

Entre les deux s'est installée une grande amitié et une profonde complicité, ils se comprennent, partagent les mêmes idées, échangent volontiers leur vision d'un monde en crise. Chacun s'est impliqué à sa manière dans la défense et la promotion de valeurs humanistes, directement ou via des auteurs qu'ils soutiennent.
Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et s'apprécier, c'est certain.