La Ballade de la geôle de Reading
de Oscar Wilde

critiqué par Jules, le 7 octobre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un très beau poème traitant de la peine de mort.
Un petit livre, en vers, écrit par Oscar Wilde à Naples en 1897. Il était sorti de prison en mai 1897 et l'ouvrage parut en janvier 1898.
Oscar Wilde nous raconte l’histoire d'un homme condamné à la pendaison pour avoir tué sa femme qu'il aimait. Wilde lui-même est en prison pour deux ans et il nous décrit cet univers. Mais lui sait qu'il en sortira, tandis que pour cet homme là, la seule issue c'est la potence avec ce qui la précède et la suit.
« Je savais seulement quelle pensée traquée Accélérait son pas, et pour quelle raison Il posait sur le jour et sa lumière crue Un oeil aussi désenchanté ; Cet homme avait tué la chose qu’il aimait, Et donc il allait mourir. »
Les vers sont superbes et, quant au sujet, à plusieurs reprises je me suis surpris à rapprocher ce texte de celui de Hugo « Le dernier jour d’un condamné »
Pour qui comprend l'anglais, la page de gauche est toujours le texte original et cela permet de savourer la sonorité du texte anglais, ainsi que d’admirer le merveilleux travail de traduction qui a été fait par Bernard Pautrat.
Cette histoire est celle du cavalier Charles Thomas Wooldridge qui fut enfermé et exécuté à la prison de Reading pendant que Wilde y était prisonnier.
Pour une tombe sans nom 10 étoiles

"I never saw a man who looked
With such a wistful eye
Upon that little tent of blue
Which prisoners call the sky"

Oscar Wilde a purgé deux ans de prison à Reading pour homosexualité. Il a connu l'univers carcéral, son injustice parfois, sa violence, sa force qui fait plier même les hommes les plus durs, la monotonie de la vie derrière les barreaux... Et il le retranscrit ici magnifiquement.

En fait il revient et se sert de l'histoire vraie d'un de ses codétenus, pendu pour le meurtre de sa femme. Une expérience marquante, qui lui inspire des vers puissants, lugubres, désenchantés.

"In Reading gaol by Reading town
There is a pit of shame,
And in it lies a wretched man
Eaten by teeth of flame,
In a burning winding-sheet he lies,
And his grave has got no name."

L'un des textes les plus intenses de Wilde.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 10 octobre 2009


Nous sommes tous des assassins 10 étoiles

"Et tous les hommes, oui, tuent la chose qu'ils aiment,
Que tous entendent bien cela,
Il en est qui le font d'un simple regard aigre,
D'autres d'un mot de flatterie,
Le lâche, pour le faire, utilise un baiser,
Et le courageux une épée !"

C'est pas beau ça ?

Complètement d'accord avec Jules. Ce long poème de mort est superbe.

Les éditions ALLIA regorgent de richesses. A connaître vraiment.

Sido - Grenoble - 69 ans - 9 mai 2004