Mal élevé
de Stéphane Dompierre

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 7 février 2008
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
X 2
Encore plus vide que le roman précédent sur la vie du trentenaire sans assise, « Mal élevé » raconte simplement les hauts et – surtout - les bas d’un guitariste sans avenir tombé amoureux de la sexy Sandrine. La première moitié est nimbée de cynisme. L’humour corrosif abondant fait grincer des dents. On en arrive presque à détester ce narrateur prétentieux, intransigeant et inflexible, se croyant supérieur à tout le monde.

Après une scène tendre mettant en scène le beau père et notre antihéros blasé, ce dernier devient plus humain. Bizarrement, lorsqu’il ramollit – accepte de faire de la musique plus commerciale et ressent le besoin de se caser – on s’ennuie du monstre qu’il était!

Les moments forts proviennent de l’utilisation de retours-arrières dans l’enfance. J’aurais d’ailleurs adoré en lire un bouquin au complet, car il n’y a rien de plus troublant et drôle que de lire quelqu’un qui ose coucher sur papier pour la postérité les souvenirs de ti-cul ‘genexer’ québécois comme par exemple : le jeu ‘Pitfall’, les 33-tours et un certain succès de Paolo Noël…

L’ancien slogan de « Croc » s’applique bien pour qualifier ce roman : ‘C’est pas parce qu’on rit que c’est drôle’.
De la musique avant toute chose 6 étoiles

Alex, le héros intransigeant de ce roman, refuse de trafiquer son idéal de compositeur underground au nom de la sacro-sainte rentabilité de l'industrie du disque. Il souhaite concrétiser ses rêves au sein des Mal Élevés, un groupe dont il s'éprend de la chanteuse.

Les questions de cœur ne l'inquiètent pas beaucoup. C'est la promptitude de ses érections qui lui tient lieu de raisonnement. Pour parodier Pascal, il peut s'exclamer : « Je bande, donc j'aime. » Le voilà illico en couple avec une femme qu'il ne connaît ni d'Adam ni d'Ève. Sexe et musique forment le duo fatal de ses préoccupations. Ses œillères lui cachent les abords dangereux du chemin qu'il suit. Produit d'une éducation carencée, ce « mal élevé » a développé une résilience à toute épreuve pour devenir guitariste au grand dam de sa mère, qui a fui à Boston avec son amant, et de son père, qui aurait voulu en faire un horticulteur paysagiste comme lui. Son caractère de combattant origine de ce contexte familial, mais, au fil des années, Alex devient son propre ennemi. Parviendra-t-il toujours à ses fins sans accepter les marges du compromis? Devant le dilemme de tout trentenaire qui aime sa solitude en gang, il découvre que l'homme du made himself ne peut vivre seul sur son île.

Ce roman est du chick lit du trentenaire masculin acculé à des exigences qui bémolisent même les rêves les moins fous. Il ne faut pas s'attendre à une analyse profonde de leurs sentiments, mais Dompierre indique bien où le bât blesse. Avec une écriture dépouillée de l'argot français qui pavait sa première œuvre, il manifeste un don manifeste de conteur. Il sait même nous émouvoir avec l'amont de son héros, fragilisé par le rejet dont il a été l'objet. Mais son portrait frôle tout de même la caricature. Il a succombé au piège de la facilité qu'il déplore chez les artistes qui vendent leur âme à Star Académie, mais il a su protéger Alex de la fatuité qui en aurait fait un être plutôt détestable.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 26 mars 2013


Mont-royal attitude 6 étoiles

Ce n'est pas un grand livre avec une grande histoire, mais c'est agréable à lire, léger et drôle parfois. Je suis tout à fait d'accord avec la critique principale du livre en ce qui a trait au narrateur prétentieux... finalement l'auteur semble prétentieux car il a le même ton dans son premier livre également. C'est un peu trop "Mont-Royal" attitude et ca vient blasant.

Ginicoui - Montréal - 47 ans - 4 janvier 2010