Ceux d'Arasolé
de Francesco Masala

critiqué par Sahkti, le 31 janvier 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Maintenir le souvenir en vie
Arasolé, petit village de Sardaigne. Les hommes sont tous partis au front russe. Seul Daniele, le carillonneur, en reviendra vivant, alors il raconte aux femmes restées sur place ces hommes perdus dans l'enfer d'une guerre, avec la faim, le froid, les combats, les poux et la bêtise humaine. Aux souvenirs de l'horreur se mêlent les souvenirs d'avant, des jours heureux, des chagrins et des joies, entrecoupés par les histoires villageoises d'aujourd'hui. Le tout sur fond de cloches qui sonnent avec régularité. C'est l'histoire de tout un village, de toute une vie qui défile sous nos yeux, de manière sombre, mélancolique mais drôle aussi, avec une pointe de cynisme souvent acérée. La dérisin n'est jamais loin et c'est sans doute elle qui aide à supporter, encaisser, tenir le coup dans cet univers fait de malheur et de désespoir.
Roman noir, incontestablement, et pourtant empreint d'une formidable dose de vie, tant la langue de Daniele éprouve le besoin de raconter et de continuer à faire vivre l'âme de ses compagnons de bataille.
La langue de Francesco Masala est belle, riche, ronde, pleine de verve. Il ne manque que les accents, qu'on esquisse peu à peu dans sa tête au fur et à mesure de la lecture.
Un livre dur et magnifique, sur des conditions de vie difficiles, sur un monde parfois absurde, sur le courage qu'il faut maintenir au-delà de tout.