Ecole des monstres
de Marc Agapit

critiqué par Malic, le 29 janvier 2008
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Angoisse feutrée
Angoisse feutrée

Marthe, une veuve d’âge mûr d’une avarice obsessionnelle, mène une existence solitaire dans une curieuse maison mi- troglodyte. Un jour elle reçoit la visite de ses deux sœurs, avec lesquelles elle s’était brouillée. Celles-ci lui proposent, moyennant une grasse rémunération, de les cacher dans les souterrains attenants à la maison…
A partir de là, le roman, par le biais de Marthe, accumule les notations intrigantes et les questions : pourquoi les soeurs se cachent elles ? D’où vient le comportement étrange de Suzanne, la jolie nièce qui les accompagne ? Que se passe-t-il au juste dans les souterrains ? Et pour le lecteur, qui sont les « monstres » du titre et quelle est cette école ? Nous ne le saurons qu’aux dernières pages mais on comprend bien que pour l’auteur, les monstres sont d’abord les simples humains, avec leurs tares d’humains. Marthe, femme d’une avarice sordide est une bien piètre héroïne mais lorsqu’on fait connaissance avec ses sœurs, on la trouverait presque sympathique.
Ce roman, finalement très intimiste, joue avant tout sur la suggestion. L’auteur commence par installer tranquillement le personnage principal et le décor de cette étrange demeure qui abrite dans ses entrailles des grottes naturelles (on pense inévitablement aux souterrains inquiétants, si fréquent dans le roman « gothique » anglais ) et parvient très bien à créer une atmosphère étouffante, faite de confinement, de mesquinerie et de sourde angoisse. Marthe vit à peu près coupée du reste de la communauté humaine, murée dans sa routine et dans on avarice et nous somme bien obligés de partager sa vision des choses puisque tout le roman est raconté à la première personne, dans un style simple mais efficace et qui convient à merveille à l’histoire racontée.

Ce roman est la réédition d’un titre d’une collection de « littérature populaire » des années 60, « Angoisse ». Marc Agapit, auteur dont on sait très peu de choses sinon qu’il fut professeur d’Anglais – ce qui explique peut-être le côté « gothique » – y publia une quarantaine de romans au fil desquels il développe des intrigues et des obsessions très personnelles. A découvrir ou redécouvrir.


Extrait :

« Je n’ai ni chien ni chat : ça coûte trop cher à nourrir. Ni oiseau. Ni mari. Ce que ça mange, un mari ! Il est vrai que ça apporte de l’argent à la maison. En principe. Le mien ne faisait que boire au dehors. Alors, pour ce qui est de faire des économies !... Il ne me battait pas ; il me respectait parce que j’avais mon certificat d’études, et lui non…Il était maçon-couvreur de son état. Il est mort au bout de quelques années en tombant d’un toit, me laissant sans ressources, à part un livret de la Caisse d’épargne avec rien dedans ! Je ne me suis pas remariée. Il m’a dégoûtée des hommes. »