Les Pourritures terrestres
de Henri-Frédéric Blanc

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 19 janvier 2008
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Les Supplices de la colo
D’emblée, le narrateur s’excuse du niveau de langage qu’il utilisera, car il s’agit d’un garçon de treize ans, timoré, livrant ses confidences dans son cahier. Nous sommes dans les années 60s et Ludovic vient de quitter la colonie de vacance pour retourner à Marseille, avec en mémoire tous les souvenirs de son passage mouvementé.

Au fil des chapitres, il nous parle de la petite bande - menée par le tortionnaire Néné Zopardi - à laquelle il tente d’adhérer. Il y’a aussi la monitrice Électra, responsable de ses premiers émois amoureux. Et l’infâme abbé Gédéon, dont les sermons sont autant troublants que son attention particulière pour les garçons du groupe.

Pour un gosse timide, Ludovic dévoile beaucoup de sa personnalité et des agissements de ses petits camarades. J’ai été forcé de constater à quel point nous sommes déjà loin de cette époque. Dans notre monde politiquement correct, la promiscuité et la cruauté entre enfants dans un univers clos où la loi du plus fort prévaut - quoique traités avec humour - a quelque chose de malsain et de dérangeant.

Heureusement, la prose truculente passe avant tout. Généreusement agrémentée d’expressions et de mots inventés, elle est haute en couleur et souriante. « Ils passaient une parodie de film indien. Les acteurs roulaient des yeux de veau, ils avaient de ces mines… à se taper le cul par terre, ma parole! On se sentait flotter sur le Gange tellement on se pissait de rire. Sauf qu’à la fin, on a réalisé que le film c’était pas une parodie de film indien, c’était un vrai film indien… C’est pour dire que la vie n’est peut-être pas drôle, mais si tu te figures par erreur qu’elle est marrante, alors là, mon con, tu rigoles… »