Kyra Kyralina
de Panaït Istrati

critiqué par Jules, le 5 octobre 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Un très long voyage !
Adrien a dix-huit ans et un grand ami, Mikhaïl. Il est furieux ! Sa mère ne voit en Mikhaïl qu’un étranger, un homme dangereux qui va lui voler son fils…
Et elle n’a pas tort !. Mikhaïl et Stavro distilleront un poison bien dangereux dans le sang de son fils : le goût du monde, celui de l’ailleurs. Mais elle cède et accepte que son fils partent avec eux à la foire de S… Au moment du départ, elle lui dit : « Vois-tu, Adrien, je me plie à tes volontés, mais un jour, tu regretteras tes actions ; le petit voyage que tu fais aujourd’hui te donnera le goût d'en faire, demain, de plus longs, de toujours plus longs. »
Elle avait bien raison et, de ce jour, Adrien va courir le monde au point de finir par s’y perdre ! Mais quelle liberté pour un garçon de dix-huit ans. Il verra des pays merveilleux, d’autres plus laids ou plus tristes, plus libres ou moins libres. Il rencontrera des riches du coeur et beaucoup de très pauvres. Il lui faudra un certain temps pour comprendre et pour se dire : « Comme c’est triste d'être homme et de comprendre la vie moins que les bêtes ! »
Ses pas le mèneront un peu partout autour de la Méditerranée : chez les Grecs, les Turcs, les Arméniens, les Arabes etc. Il en conclura qu’ils « n’étaient plus des hommes » et le spectacle qu'il va y trouver va le choquer profondément. Au point de lui faire dire : « L’abjection humaine est telle qu'on ne pourrait la comparer qu'à elle-même, car seul le genre humain, de toutes les créatures de la terre, peut se dégrader à ce point. »
Mais il vaut vraiment la peine de le suivre dans ce périple ! Il vous sortira de notre monde aseptisé, dans lequel nous voulons toujours prévoir la moindre chose et surtout l’imprévisible !
Réponse à Vigno 7 étoiles

Il est exact que ce livre est loin d'être joyeux, mais le monde l'est-il quand on le parcourt sans un franc en poche, à pieds et sans expérience aucune ?... A analyser l'âme humaine de trop près, il est rare que ce que l'on y trouve reflète la joie, l'honnêteté et la générosité... Ce n'est pas pour rien qu'Istrati a tenté de s'ouvrir la gorge en France ! Mais cette âme humaine se retrouve chez tous les grands auteurs: ils l'ont simplement mieux enrobée dans un roman, alors qu'Istrati ne fait que nous raconter ce qu'il a vu et vécu.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 15 octobre 2001


Un roman d'apprentissage particulièrement pessimiste 7 étoiles

Ce roman ressemble aux « Contes des mille et une nuits » auxquels il emprunte sa technique des récits intercalés et certains personnages merveilleux; il rappelle aussi « Candide » en ce sens qu'il met en scène un héros qui va de malheurs en malheurs. A ceci près, Candide finissait par trouver une philosophie de vie (« Il faut cultiver son jardin ». Rien de tel ici. On s’enfonce toujours et encore, si bien que les malheurs finissent par nous lasser.

Vigno - - - ans - 13 octobre 2001