Vie et opinions philosophiques d'un chat
de Hippolyte-Adolphe Taine

critiqué par Sahkti, le 5 janvier 2008
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Cruauté et lucidité
Une cinquantaine de pages, c'est peu et beaucoup à la fois, tant elles regorgent de richesses et de réflexions savoureuses.
Nous sommes en compagnie d'un chat, "né dans un tonneau au fond d'un grenier à foin". Son éducation se passe en compagnie des animaux d'une basse-cour, plus particulièrement d'une charmante oie qui se fait un jour égorger sous ses yeux. Une première grande leçon de vie en est tirée sur le pouvoir du maître de maison, sur la place de chacun, sur les enseignements donnés ici-bas qui ne servent pas à grand-chose quand vient le moment de mourir sous la main d'autrui et sur l'éventualité de l'existence d'un monde meilleur qui aiderait à supporter notre triste sort.
Au fil des pages, Hippolyte Taine fait vivre à ce chat toutes sortes d'événements assez communs finalement dans la vie d'un félin de ferme mais il les assortit chaque fois, par le biais de l'animal, de profondes réflexions sur la vie, le pouvoir, la cruauté, la raison. Enoncées de manières simples, presque évidentes, ces pensées n'en prennent qu'un tour plus cruel encore, tant elles sonnent parfois tristement justes, notamment lorsque le chat tue ses petits juste après la naissance et sa chatte qui voulait se défendre.
Il est possible de se contenter d'une première lecture centrée sur la vie des chats, un bon délassement, mais cela laisserait tout de même un goût de trop peu de ne pas s'immerger dans la philosophie dégagée par Hippolyte Taine qui n'hésite pas à dire qu'il a "beaucoup étudié les philosophes et les chats. La sagesse des chats est infiniment supérieure".
Un texte peu diffusé, inséré dans la seconde édition du "Voyage aux Pyrénées" en 1858 et que Rivages Poche présente en texte individuel dans une agréable édition.