La chaise Klumbert
de JP Christopher Malitte

critiqué par Ciceron, le 1 janvier 2008
(Toulouse - 75 ans)


La note:  étoiles
La chaise autour du cou
“Cher père et mère, je vais bien. Je viens de boucler l’agencement du hall du Federal Office, avec un peu de retard. Au bureau, c’est le rush. Grâce à Dieu, je suis bien encadré. Hier soir, j’ai dîné chez mon chef de projet, Irwin, sa femme avait prépéré un chili du tonnerre, ses deux enfants sont charmants et son pavillon d’El Segundo est agréablement décoré.“

L’ennui, c’est qu’Irwin n’existe pas et que son bureau fait 9m2. En réalité, Humbert Klumbert vit seul et plie lui-même ses sous-vêtements. Il n’a pas de vie sociale.

En 1992, il a quarante ans. vit dans un appartement spartiate de Santa Monica (Californie). Ses journées sont régies par un rituel immuable. Les descriptions domestiques compulsives rappellent le Patrick Bateman d’American psycho.

Dans les années 1970. il a inventé la première chaise empilable - une chaise révolutionnaire. Il est millionnaire en dollars. Mais sa vie s’arrètera là, il ne crééra plus rien, il sera “l’homme chaise“ qui noircit des calques toute la journée.

La scène où il réalise à 20 ans et par hasard, son trait de génie vaut le détour : encombré dans son atelier par 2 prototypes identiques, il demande à son assistant de les empiler dans un coin et leur encastrage instantané au milimètre lui fait comprendre que la “Chaise Klumbert“ sera produite à des millions d’exemplaires dans le monde.

Roman étrange, récit parfois décousu, mais un écrivain se distingue par l’univers fort de son premier livre, ce qui est le cas. Objectif atteint.