Le roi est mort
de Jim Lewis

critiqué par Dirlandaise, le 28 décembre 2007
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Un château de cartes
Un livre qui ne manque pas de charme. Pour situer l’histoire, nous sommes au Tennessee dans les années 50. Walter Selby, un héros de la Seconde Guerre, travaille comme secrétaire du gouverneur de l’État. Walter est un homme qui a réussi. Il occupe un emploi de prestige qui peut le mener jusqu’à la présidence, est marié à une femme merveilleuse et très belle, a deux beaux enfants, une magnifique maison enfin le rêve américain pleinement réalisé.

Mais Walter va tout perdre en une seule journée. Il se retrouve en prison pour un crime dont je ne dévoilerai pas la teneur afin de conserver un peu de mystère. Ses enfants sont placés dans une famille d’accueil puis finalement adoptés. Trente années après ces évènements dramatiques, Frank, le fils de Walter entreprend de retrouver la trace de son père.

Jim Lewis brosse un excellent portrait de l’Amérique de l’époque et du milieu politique. Le livre est divisé en deux parties. Dans la première, Lewis raconte l’histoire de Walter et de son ascension et dans la seconde, c’est l’histoire de Frank, son fils unique.

L’écriture de Lewis est efficace et les chapitres sont parfois très courts, à peine une page. L’auteur en consacre quelques-uns à des personnages tout à fait secondaires comme une femme de chambre ou un vieil homme qui se voit obligé de quitter son domicile, exproprié par l’État. Ces personnages ont un impact parfois minime et parfois plus significatif sur la vie de Walter. J’ai beaucoup aimé ce procédé de nous raconter leur histoire et ainsi de couper le récit pour le reprendre quelques pages plus loin. Les thèmes sont aussi très intéressants comme la politique, le racisme, l’adultère, la réussite sociale et matérielle suivie d’une chute vertigineuse dont on ne se remet pas. Le personnage de Walter est attendrissant tout comme celui de Frank, deux hommes marqués par la vie, séparés pendant de longues années et dont le destin sera marqué par des drames dont ils auront l’un comme l’autre d’énormes difficultés à surmonter. Un auteur que je découvre avec ce livre et dont j’ai beaucoup apprécié le talent.

« Il remua et ouvrit les yeux. Promenant son regard sur son corps caché sous les draps, il vit ses mains, là où s’étaient rassemblés les pigments — sédiments de l’âge. Il avait aussi des taches devant les yeux, de petites traînées laiteuses, chacune recelant un souvenir hors d’atteinte. Il avait les veines rigides, douces et vieilles — et tapissées de sel. Sa vie formait un tout. Elle avait été un récipient unique, une mesure unique, une seule unité parfaitement circonscrite : une femme, un geste, une sentence. »