Pas du tout mon genre
de Isabelle Spaak

critiqué par Sahkti, le 29 novembre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Vivre par la douleur
Isabelle Spaak conserve dans ce récit la plume et la verve qu'elle avait exposées dans "Ça ne se fait pas", son précédent roman qui avait obtenu le Prix Rossel.
Ici, elle se fait maîtresse d'un homme qui n'est pas vraiment son genre. Alors pourquoi? Elle va bien tenter de l'expliquer, de passer en revue tout ce qui ne lui plaît pas, de lister les défauts de cette relation (et il y en a!). Une quête de vérité qui ressemble en fait à un voyage autobiographique dans les souvenirs. La narratrice s'aperçoit que grâce à cet amant passionné de photographie, elle peut se plonger dans les images du passé et dans les albums photos, elle peut s'immerger de souvenirs et se noyer dans un passéisme rassurant, sinon lâche.
Pas mal de déchirements dans tout cela et l'impression qu'Isabelle Spaak a plus d'un noeud à défaire, réel ou fictionnel, à travers ses romans.
Cette impression de souffrance se fait grandissante au fil des pages, au point d'en devenir parfois étouffante, car si on comprend l'attirance de cette jeune femme pour la douleur qu'engendrent ses amours, on a aussi envie, un peu, beaucoup, de la secouer et lui dire d'aller de l'avant. Et en même temps, une certaine compréhension s'installe, on se dit que ce n'est pas facile d'être toujours dans l'ombre, la seconde femme, celle qui vient après. Alors on pardonne les errances, l'hésitation et on se dit qu'il faudra sans doute du temps à Isabelle Spaak pour venir à bout de ses fantômes. Un peu comme Modiano... Je ne suis pas sûre d'apprécier cette démarche de la même manière si elle devait s'étaler sur plusieurs livres, je crains l'impression de répétition ou d'air connu. Mais l'écriture d'Isabelle Spaak n'en demeure pas moins belle et sensible, humaine et fragile.