LSD : Entretiens avec Albert Hoffman
de Antonio Gnoli, Albert Hofmann, Franco Volpi

critiqué par Sahkti, le 24 novembre 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le père du LSD
Albert Hofmann est chercheur suisse, il travaille pour les laboratoires Sandoz à Bâle. Pendant la guerre, il effectue des travaux sur certaines plantes en vue d’y dénicher des propriétés cardiotoniques. C’est ainsi qu’en analysant des champignons, en 1943, il découvre une substance hallucinogène et produit de l’acide lysergique, le célèbre LSD.

Plus de soixante ans après cette découverte-révolution, Albert Hofmann s’entretient avec Antonio Gnoli, journaliste à la Repubblica et Franco Volpi, philosophe à l’Université de Padoue. Conversations ô combien intéressantes !
Albert Hofmann y parle avec beaucoup d’enthousiasme des espoirs qu’il avait placé dans cette substance, souhaitant que celle-ci puisse faciliter la ré-émergence du refoulé. Il ne fut d’ailleurs pas le seul à plancher dans ce sens, la CIA l’ayant expérimentée dans le but de diminuer mentalement l’ennemi vietnamien.
Le LSD connût cependant une autre destinée, celle de drogue de plaisir, emportée par la fougue d’Aldous Huxley et de Timothy Leary, qui pensait pacifier le monde grâce aux effets rédempteurs du LSD. Illusion et utopie, il n’en demeure pas moins que cette drogue hanta les années 50 et 60 et reste intimement liée à des mouvements de contestation ou des courants artistiques.
Très rapidement, Hofmann alerta l’opinion quant aux dérives que pouvait engendrer le produit, en particulier sur des êtres au psychisme fragile, il ne fut pas toujours écouté et en garde, aujourd’hui encore, une certaine amertume teintée de nostalgie.

La vision des choses par Hofmann donne lieu à d'intéressantes conversations avec Franco Volpi, philosophe, sur la race humaine, ses illusions, ses dérives. On lit l'homme qui a connu la joie immense de la découverte puis l'étonnement, la peur, l'aberration devant l'utilisation de "son" produit.
Ces entretiens sont également l’occasion pour lui de pointer du doigt la course au profit et au développement technologique, au détriment de la nature et, au final, de l’humanité. Une belle leçon d’histoire et de vie, empreinte de sagesse.