Mensonges de femmes
de Ludmila Oulitskaïa

critiqué par Alma, le 7 novembre 2007
( - - ans)


La note:  étoiles
Ode au mensonge féminin
Ouvrage un peu surprenant que ce roman à épisodes que Ludmilla Oulitskaïa présente comme « une petite étude » sur le mensonge des femmes

En 6 histoires dans lesquelles le personnage récurrent de Génia est confrontée à différents types de mensonge féminin, elle dresse une sorte de catalogue de ce que l’on a coutume de considérer comme un défaut, mais qu’elle définit dans un chapitre introductif comme « un art de mentir…..quelque chose d’extrêmement fascinant » et qui, par opposition au mensonge masculin « stratégique, architecturé » ne recèle « ni calcul, ni espoir de profit, ni machination »

On y rencontre successivement
Irène, éblouissante rousse, qui, chaque soir, autour d’une bouteille de porto, distille pour Génia la triste histoire de ses 4 enfants morts,
Nadia, fillette qui invente pour les autres enfants des jeux cosmiques, captive son auditoire et s’invente un frère,
Anna, vieille professeur de littérature qui ne détrompe pas Macha, jeune fille sensible et ingénue lorsque celle-ci la croit l’auteur des vers qu’elle récite si bien,
Plusieurs prostituées russes dont les interwiews constitueront le scénario d’un film et qui masquent toutes la réalité sordide de leur quotidien par les mêmes mensonges
A 2 reprises, Lelia, adolescente de 14 ans qui fait confidence à Génia de sa liaison avec un home de 40 ans et que l’on retrouve, au dernier épisode, vieillie, mal en point mais qui parvient par un stratagème à s’introduire auprès de Génia paralysée et à lui redonner le désir de survivre .

Ludmilla Oulitskaïa, que l’on sent en empathie avec ses personnages, a l’art de brosser en quelques lignes le portrait de chacune de ces affabulatrices, de les rendre attachantes, de l’enfant à la vieille femme .

En filigrane de ce roman, s’établit progressivement l’histoire de Génia dont le lecteur suit le parcours des années 1980 aux années 2000. D’un chapitre à l’autre, il découvre sa famille, ses amis, son travail, son quotidien de femme active, dans un milieu plutôt aisé d’intellectuels et d’artistes .
Si Génia est l’oreille qui recueille les fables de celles qu’elle rencontre, elle n’en est jamais victime, au contraire, à leur écoute, elle gagne en maturité, en lucidité et reprend goût à la vie .

Ludmilla Oulitskaïa, dans cet ouvrage de fiction, fait la preuve de la toute puissance du mensonge romanesque et témoigne , comme ses personnages, « de charme, de talent, d’inspiration créatrice »