La Laisse
de Françoise Sagan

critiqué par Veneziano, le 14 octobre 2007
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
De l'argent dans le couple
Françoise Sagan, dans ce roman de 1989 (1990 me semblait-il), décline une nouvelle facette des difficultés de couple. Cette fois-ci, l'élément perturbant n'est plus l'adultère, trop galvaudé pour être original, mais l'argent.
Longtemps, c'est Laurence qui finance le couple et assiste quelque peu Vincent, compositeur, jusqu'au jour où l'une de ses musiques de film rencontre le succès ; cet événement va beaucoup la troubler, et malmener les relations du couple quelque peu inversées. Mais Vincent va-t-il gérer au mieux ses nouvelles rentrées ?

Evidemment, ce roman est moins révolutionnaire que les précédents, notamment Bonjour tristesse et la Chamade, écrits à une époque assez puritaine, au moins dans la forme. Du coup, elle change de cap et fouille un peu plus ses personnages, ce qui est d'autant plus appréciable.
Un bon moment.
Changement de registre, pas de style 8 étoiles

Alors que Sagan nous avait habitué à des histoires de triangles amoureux ou des histoires d’amour tourmentées, ici on reste dans les milieux ultra bourgeois oisifs, mais ce n’est plus les relations compliquées où l’ordre sentimental domine. C’est le pouvoir de l’argent qui est ici évoqué.

Vincent, pianiste sans envergure, est marié depuis 7 ans à Laurence, une belle rentière richissime mais sans charme qui a littéralement emprisonné son époux, un peu comme dans un rôle inversé. Ce n’est pas le mari qui donne à son épouse totalement dépendante l’argent pour faire tourner le ménage, mais l’épouse qui gratifie son cher mari d’argent de poche.

La donne change lorsque Vincent touche le pactole en composant une mélodie à succès qui le rend aussi riche que célèbre. Au lieu de se réjouir, Laurence semble perdre pied et voit son pouvoir de domination lui échapper. Son grand enfant, son petit mari, passe du statut d’assisté à celui de génie, et tout semble s’écrouler pour elle.

Vincent décode enfin sur quoi son mariage est bâti ; une relation perverse. Il commence donc à envisager l’avenir sous un autre angle. Comme souvent chez Sagan, cela se conclut sur une drame digne des tragédies grecques.

On retrouve les envolées stylistiques de Françoise Sagan et l’atmosphère feutrée, hypocrite et tellement parisienne à laquelle elle nous a habitué. J’apprécie presque toujours ses longues descriptions de la psychologie de personnages qui ne semblent jamais chercher le bonheur, mais la réputation et le pouvoir.

Un bon roman pour ceux qui apprécient cette autrice si douée.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 19 juillet 2021