Le grand jardin
de Francis Dannemark

critiqué par Ddh, le 21 septembre 2007
(Mouscron - 82 ans)


La note:  étoiles
Une saga du XXème siècle très proche de chacun
Ce grand jardin est une image. C’est à la fois la scierie paternelle et ses alentours, la maisonnée avec Walter, son épouse Edith et ses jumeaux Paul et Florent. C’est l’histoire d’une vie multipliée par quatre, avec Florent comme narrateur principal.
Chacun des quatre personnages principaux a son caractère bien trempé mais avec comme point commun une recherche effrénée du bonheur, de l’amour.
Edith, la mère est particulièrement casse-pieds, elle geint mais garde une tendresse envers ses jumeaux qu’elle ne peut faire ressortir.
Walter, le père, est peu présent au logis et quand il y reste, c’est pour des disputes avec sa femme. Apprécié hors de chez lui, il ne parvient que fort mal, malgré ses efforts, à apporter une certaine paix dans la maisonnée. Une chouette initiative de sa part : les Hongrois Lazlo et Paliki, l’une musicienne et l’autre magicien. Ils viennent apporter un certain baume à l’ambiance tendue dans ce foyer.
Paul, l’un des jumeaux, est prof de sciences, C’est le cerveau de la famille. On le voit se décarcasser pour l’unité de la famille.
Enfin, Florent, c’est l’artiste épris de musique ; il y poursuit d’ailleurs une belle carrière. Mais il est fragile, à la recherche d’un amour absolu qu’il n’arrive pas à concrétiser. Avec des hauts et des bas, il se fraye difficilement un chemin. Au bord de la déprime, il trouve le réconfort auprès d’un couple de sages, Christopher et Jacqueline.
Cette saga se développe à travers toute la deuxième moitié du XXème siècle. Elle donne une bonne idée de nos mœurs contemporaines et chacun peut y retrouver ses problèmes quotidiens, voire leur solution.
Par ses descriptions précises, Francis Dannemark nous fait visualiser parfaitement le cadre dans lequel ses personnages évoluent. Avec des rebondissements fréquents, il relance l’intérêt du lecteur. Il parvient à faire vivre ses personnages. De ce roman, l’on verrait fort bien une adaptation cinématographique.
En quête d'amour 6 étoiles

Ce nouveau roman de Francis Dannemark surprend de prime abord car il semble rompre avec la veine intimiste qu’affectionne cet auteur. Pensez donc : l’action court de la fin du XIXième siècle jusqu’à aujourd’hui, elle a pour cadre tantôt un petit bourg des confins orientaux de la Belgique où l’on pratique aussi bien le français que l’allemand (voire le wallon) et elle comporte un nombre élevé de personnages d’où émergent surtout l’aïeul Klaus, aubergiste et patron d’une scierie établi dans l’un de ces petits villages que les caprices de l’Histoire allaient ballotter entre la Belgique et l’Allemagne, son fils Walter qui allait lui succéder, son épouse peu amène Edith et leurs deux fils (faux) jumeaux, Paul et Florent, sans compter un couple de nains hongrois ramenés de Hongrie par Walter et intégrés dans la famille. En fait, c’est essentiellement le destin de ce Florent qui retiendra l’attention du lecteur pendant la plus grosse partie du livre. Hypersensible, introverti, doté d’un charme dont il n’a peut-être pas bien conscience, Florent mènera une vie chaotique mais dont la musique (il sera à la fois pianiste et contrebassiste de jazz, compositeur, producteur etc.) constituera l’axe le plus solide. Cette vie s’écoulera, tantôt plutôt terne, tantôt éclairée par de fugitifs moments de bonheur que lui procureront les femmes qu’il rencontre sur son chemin . Car, en fait, l’existence de Florent peut se résumer à une quête éperdue de l ’amour qui lui donnera sens. Comme le dit un des personnages s’adressant à Florent : « Pour certains, l’amour n’est pas essentiel, un peu leur suffit. C’est autre chose qui les fait vivre. Et il y a ceux pour qui c’est le cœur de la vie. Ils se perdent, ils se trompent, ils recommencent parce qu’ils sont incapables de vivre un amour incomplet, mal partagé. »
J’ai aimé ce livre pour ces passages doux amers dans lesquels excelle Francis Dannemark (qu’il n’est sans doute pas invraisemblable de reconnaître derrière les traits de Florent). Les autres personnages offrent en revanche bien moins de consistance et il ne me paraît pas sûr qu’élargir à ce point le cadre du roman ait vraiment été une bonne idée.

Guermantes - Bruxelles - 76 ans - 25 octobre 2007