Votre très humble et très obéissant serviteur
de Henri Troyat

critiqué par CC.RIDER, le 3 septembre 2007
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Histoire franco-russe
Le jeune Constantin Chévezof, issu d’une famille noble mais ruinée, obtient un poste de secrétaire à la Chancellerie de l’impératrice Catherine II de Russie. Il y découvre les intrigues de la vie de Cour ainsi que la suite des innombrables favoris de l’insatiable tzarine, véritable dévoreuse d’hommes jeunes et vigoureux. Tombé en disgrâce, il se retrouve à Paris en pleine tempête révolutionnaire… Pour échapper à la mort et à l’emprise d’une maîtresse tyrannique et possessive, il retourne en Russie où il retrouve son poste ce qui lui permet d’assister à la fin du règne de Catherine II, puis à ceux de Paul Ier et d’Alexandre Ier. Engagé volontaire à 50 ans dans l’armée russe, il est tué en juin 1807 à la bataille de Friedland.
Troyat se sert du « témoignage » d’un personnage fictif pour dépeindre en parallèle un grand pan de l’Histoires côté russe et français pendant une époque tourmentée : la montée des Lumières, la Révolution et les Droits de l’Homme d’un côté, la monarchie absolue de droit divin, l’autocratie et le servage de l’autre. On se rend bien compte qu’on se trouve à une époque-charnière. Les idées les plus généreuses finissent dans le sang, l’injustice et l’horreur alors que les principes de pouvoir absolu tournent à la caricature odieuse sous le règne d’un Paul Ier quasi-dément…
Ce livre, très bien écrit (on n’en attend pas moins de Troyat) et très agréable à lire n’apporte néanmoins pas grand-chose au niveau historique. Il a surtout le mérite de faire réfléchir le lecteur sur la problématique paradoxale entre liberté et servitude comme entre démocratie et aristocratie…