Le déni
de Victoria Bedos

critiqué par Cuné, le 28 août 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Billet rempli de guillemets
Sept « récits » comme il est précisé sur la couv, et non pas « nouvelles », ah bon ? On dénie l’appellation aussi ? Quand on refuse on dit non, c’est ça ? Allons-y pour « récit », car, comme son titre l’indique, Victoria Bedos nous décline ici sept formes de refus total, énorme et brut, sept personnages qui se voilent la face à tel point qu’ils s’incarnent dans le tissu censé les protéger de ce qu’ils ne veulent (peuvent) affronter. Allons-y un par un, ils le méritent :

« Petite » : régression, jusqu’à sa forme la plus poussée, d’une ado. Etre parents d’une petite fille, super, lui voir pousser le cul et les seins, inconcevable. Mais non docteur, elle va très bien, fichez-nous la paix…
« Sœurs » : Psychotique-schizophrène, ou comment être noire dans sa tête, avec une famille qui ne veut rien voir ; épilogue émétique.
« Valenciennes » : Sans doute le plus soft de ces « récits », un peu de douceur, ça fait du bien. Une splendide créature, sympa, fraîche, nature, tout bien, meurt de honte vis-à-vis de ses origines. Donc, elle s’en invente d’autres. Mais, tout se sait un jour. Pfuiiit !
« Transe » : A la fois le plus tordu et le plus convenu. Une jeune femme accouche, est folle de son bébé d’amour, qui en grandissant ne se conformera pas à ce qu’on attend d’un beau jeune homme hétérosexuel, et on laisse trainer le chien dans cette histoire… Attention à votre imagination, ça fait beurk (rien d’explicite, j’interprète. A tort sans doute, mais c’est l’ambiance.)
« La beauté » mon préféré. Les minutes s’écoulent sans qu’il s’en aperçoive, lorsqu’il est absorbé par sa contemplation dans le miroir. Appelez-le Narcisse, il s’en fout, il est beau, il s’aime, il exsude la plénitude de celui qui se sent hyper bien dans ses Churchs. Maman lui a toujours tellement donné confiance en lui. Vraiment rageant, son Alzheimer, depuis quinze jours elle ne le reconnait plus. Du coup il ne se voit plus du même œil, tiens… Et en réalité….
« L’isoloir » : un grand classique. Il est élevé chez des contestataires pur sucre, il ne rêve que de se conformer… Développement.
Et puis enfin (déjà ?!!!) « Le déni » : Celui qu’on attendait, pour lequel le mot est consacré, et on n’est pas déçu, il est étonnant.

Voilà, j’ai tout aimé en fait, on va sans doute rapprocher « Le déni » des nouvelles de Claire Castillon, je ne nie pas un petit air de famille, mais Victoria Bedos a une approche différente ; des constructions qui se renouvellent au fil des « récits » ; elle effleure souvent le glauque sans jamais y tremper franchement l’orteil, elle n’est pas aussi barrée quand même que sa consœur, elle est plus jeune aussi, à surveiller de trrrrrès près.

Talent.