Le banc aux goélands
de Jean-Paul Lamy

critiqué par Cuné, le 28 août 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Quock- kuk-kuk-kuk . Après, kweok.*
La tentation est grande de recopier intégralement la préface de Gilles Perrault, tant elle évoque tout ce qui peut être dit à propos de ce recueil de nouvelles. Une phrase la résumerait pourtant : « On prédit sans grands risques au lecteur de Jean-Paul Lamy un vrai bonheur de lecture. »
De goéland, en fait, il n’est pas question, ou si peu. J’ai vu le mot une fois en tout et pour tout dans une nouvelle, et tout à fait incidemment. De la Normandie, par contre, il nous entretient, celle où l’on s’égaille et s’égare dans la riante et verdoyante campagne, celle de la côte avec ses palaces locaux (et ses clients aux valises remplies de petits pots de confiture, qui perdent pourtant des fortunes chaque soir au casino, il n’y a pas de petit profit)
Alors forcément, quand on y vit, même depuis peu et en transit, on s’y intéresse beaucoup.

C’est d’abord l’humour qui me reste en tête, cette réjouissante Mme Humboldt, par exemple, professeur de géographie qui pratique l’honnêteté intellectuelle à toute heure du jour et de la nuit, et qui, ne voulant pas déverser dans les jeunes cervelles de ses élèves un savoir abstrait, leur propose une recherche du méridien de Greenwich qui passe tout près d’ici. S’ils cherchent bien, peut-être pourront-ils un jour devenir comme elle, géographe. Sinon, hé bien tant pis pour eux, ils ne pourront espérer être « que » géologues, géophysiciens, voire géomètres. Et s’ils se désintéressent totalement de la question, ils ne seront jamais rien de mieux que GO tout court dans un quelconque Club Med. Han, dur.
Ou ce mystérieux M. Buhot, qui a donné son nom à l’avenue de la Brèche-Buhot. De nombreuses personnes l’ont bien connu, si, si.
Ou encore, mais versé dans l’ironie du sort, la ballade de Marc, dans « Pente ».
Et puis l’émotion n’est pas en reste, avec la touchante histoire du vieil Antoine, qui cherchait des bouteilles à la mer, avant d’envoyer les siennes.
Ou ces français condamnés à la désinformation via la séance de cinéma, dans leur camp de prisonniers, en Allemagne pendant la guerre.

Mais il y a vingt nouvelles, je ne vais pas dire un mot de chacune. Par contre, je remercie Jean-Paul Lamy, non pas parce qu’il a été le premier normand à m’inviter très gentiment chez lui pour aider mon acclimatation, en tout cas pas seulement, mais bel et bien parce que son recueil m’a fait passer plusieurs heures très harmonieuses entre ses lignes.
Oui, la Normandie est belle, et la parcourir avec quelqu’un qui l’aime et la connait bien, quand il sait aussi aisément la mettre en mots, c’est une profonde satisfaction.


*Le cri du goéland à travers les âges, une encyclopédie de Magali Duru, chez tous les bons disquaires.