Ether
de Franck Resplandy

critiqué par Cuné, le 28 août 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Du genre colle-aux-mains
Déjà paru en 1999 aux éditions Petrelle sous le titre « Ex corpore », ce premier roman de Franck Resplandy est du genre colle-aux-mains ; c'est-à-dire qu’on ne peut absolument pas le lâcher une fois commencé, et qu’on se demande en permanence où on va nous emmener. Impossible de cerner le genre, on croit à un truc et c’est un tout autre qui nous entraîne, on est certains de ce qui va se passer et pan, virage sur les chapeaux de roues, avec un épilogue glaçant qui éclaire bien des choses.
Le nord de la France, elle est une infirmière dévouée à ses patients en fin de vie, et vit, parmi les dernières, dans un coron en passe d’être muré et abattu. Fille d’un mineur héroïque, elle vivote, après la mort de ses parents, entre un ex-mari qu’elle voit encore de temps en temps « par charité » et son boulot. C’est une bonne infirmière, elle sait comme personne accompagner les mourants de son service et personne ne souffre avec elle. La vie passe, pour eux comme pour elle, sans que son empreinte n’y grave quoi que ce soit, les choses se font parce que c’est comme ça, illustration fine et clairvoyante de la mentalité de ces petites villes qui s’éteignent après les fermetures des mines. (En ce sens, une certaine proximité de plume avec Franck Thilliez, dans des genres très différents). Arrive un jour dans sa vie un photographe parisien, un célèbre, un riche, un d’un autre monde. Il s’est coupé, va à l’hôpital, ils se rencontrent. Leur première étreinte laisse augurer du pire, mais… Sous le joug de la révélation de la chair, la structure mentale vacille, et…
Allez il faut laisser le plaisir de la découverte, on pense également à un autre célèbre auteur américain pour les dernières scènes, mais d’avoir réussi à établir en si peu de pages une telle qualité d’atmosphère, un personnage à la fois si froid et bouillonnant, si intrigant, et de nous enchaîner à cette histoire de si belle façon est à sortir du lot, vraiment.
Bravo, Franck Resplandy.