Verglas
de Peter Stamm

critiqué par Jules, le 31 août 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une écriture efficace, excellent dans le genre !
Neuf nouvelles au ton direct et précis. L'auteur va toujours à l’essentiel pour décrire les ambiances qu’il veut rendre.
La plupart de ses personnages sont jeunes, qu'ils soient seuls ou en couple. Le dialogue est bien loin d’être leur fort. Ils semblent emmurés dans une incapacité à transmettre les sentiments qu'ils ressentent. Ils nous semblent davantage trimballés par la vie, comme les nuages le sont par les vents, qu'ils ne la dirigent. Tout leur semble égal et une forme d’inadaptation, ou de désespoir latent, émane d’eux..
« L'idéal serait de ne pas savoir où on va, dis-je. - On ne sait jamais où on va, dit Monika »
Les nouvelles intitulées « Passion », « Ce que nous savons faire » et « Le Pays Pur » sont de véritables petits chef-d’Ïuvres du genre. Pour la troisième je n’ai pas pu m’empêcher de faire un léger rapprochement avec « La trilogie New-Yorkaise » d'Auster.
Dans « Verglas », Peter Stamm nous décrit ce qui doit être le sommet de la solitude : celle d’une très jeune femme qui se sait condamnée à court terme et vit ses dernières semaines, totalement isolée, dans une chambre d’hôpital. « Elle dit que la peur était comme quand on perd l’équilibre. Quant, avant de tomber, pour un instant on a l’impression d'être écartelé, d’exploser dans toutes les directions. Et parfois c’était comme avoir faim, étouffer et parfois comme si on l’écrasait. »
Un livre très bien écrit, dont plusieurs nouvelles méritent de figurer parmi les merveilles du genre. Une efficacité qui fait souvent penser à celle qu'avait Hemingway.