Le livre de John
de Michel Braudeau

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 3 août 2007
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Sur la route de l’interdit
Voici un ‘road novel’ comportant trois volets. La trame principale prend la forme d’un journal de route d’un technicien du cinéma blasé, alors qu’il butine de ville en ville dans l’ouest des États-Unis, en compagnie d’une copine et du fils de quinze ans d’une amie. C’est plutôt plat jusqu’à ce que tombe dans les mains de l’homme, en pleine crise de milieu de vie, un exemplaire de la biographie scabreuse d’un pédéraste indien, vantant ses conquêtes charnelles. A ce moment, l’homme ne cache plus son attirance pour le jeune John qui partage sa route. Il tente de le séduire entre les extraits explicites de l’ouvrage scandaleux.

En parallèle, de nombreux morceaux d’un polar japonais sont également inclus. Cet autre livre dans le livre est lu à haute voix par John pour endormir le narrateur souffrant d’insomnie, trop émoustillé par la proximité de l’éphèbe tant convoité. Ce bouquin somnifère a bien fonctionné sur moi aussi!

Le roman n’atteint sa vitesse de croisière que lorsque le jeu du chat et de la souris est établi. John s’amuse de la faiblesse de son soupirant. On se demande si il flanchera face aux avances soutenues. La situation donne lieu à certaines réflexions intéressantes. De même, l’ambiance de voyage sans but est joliment rendue par un dosage adroit du rythme.

Au bout du chemin, on reste sur notre faim. Les bien-pensants vont s’outrer, même si la morale n’est pas trop égratignée. Les libertins seront déçus par le peu de contenu lubrique. Après tout, c’est le genre de sujet où la finesse est de mise, sinon on termine crucifié sur la place publique. L’auteur ici n’a pas voulu devenir un autre martyre.