Un goût de menthe poivrée
de Jean Louvet

critiqué par Jean Meurtrier, le 31 juillet 2007
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Souriez, vous êtes filmés
Julien s’affaire autour d’un barbecue sur une aire d’autoroute avec sa compagne Françoise, visiblement contrariée. Elle reproche à Julien de lui avoir caché un coup de fil de son amie Marie. Françoise est terriblement pessimiste et julien, pour éviter tout souci superflu, ne tenait pas à la mettre au courant des problèmes de santé du mari de Marie. Maintenant que le mal est fait, Françoise ayant croisé Marie ce matin, le couple doit faire face à une énième dispute.
Non loin de là, Zoé et Léon attendent le dépanneur. Leur voiture est tombée en panne alors qu’ils se rendaient à une répétition de la pièce de théâtre dans laquelle se produit Zoé. Léon a perdu toute confiance depuis qu’un de ses amis s’est fait passer à tabac. Il ne retrouve sa sérénité que dans le champ de vision des caméras de surveillance. Le décalage entre Zoé, audacieuse extravertie, et Léon, hyper sécuritaire, prend de plus en plus d’ampleur.
Ces deux couples vont se rencontrer et interagir. Chaque individu va faire un bilan, exprimer ses angoisses et ses attentes, espérant provoquer un électrochoc sur sa vie de couple.
Cette pièce expose quatre profils psychologiques différents, qui communiquent directement, quasiment d’âme à âme, sans pudeur. Il est pertinent de classer ces caractères en deux groupes distincts.
Dans le premier, on retrouve Zoé et Julien, les enthousiastes. Julien est d’un optimisme béat, presque aveugle. Il nie les aspects négatifs de la vie et tente d’en préserver Françoise. Il se bat pour ne pas être atteint par la morosité de sa compagne. Sur l’aire d’autoroute, il prépare un barbecue imaginaire pour de nombreux invités. Zoé se montre très ouverte et imaginative. Le théâtre est sa passion, elle vit à travers le regard des autres. A l’aide du matériel de la pièce, elle va redistribuer des rôles aux protagonistes pour les aider à exorciser leurs angoisses.
Dans le deuxième groupe prennent place Léon et Françoise, les contraires respectifs du premier. Léon l’effacé est maniaque et paranoïaque. Au cours de la pièce, il apparaît que Léon ne recherche pas uniquement les caméras de surveillance pour sa sécurité, mais aussi pour laisser une trace de son passage, aussi insipide soit-il, parmi les vivants. Léon a peur de disparaître d’abord physiquement et ensuite de la mémoire des autres. Françoise est débordée par les contraintes d’une vie qu’elle trouve maussade. Bouffée par le quotidien, elle lance des SOS que Julien estime nécessaire d’ignorer. Si Léon se complait dans la routine, Françoise y dépérit.
Cette pièce courte mais dense entre directement dans le vif du sujet. Peut-être trop vite, de quoi regretter une absence de progression. Le fond ne manque en tout cas pas d’intérêt.