L'affaire Seymour
de Tim Lott

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 31 juillet 2007
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
Privée de vie
Notre société est friande de téléréalité, de sensationnalisme télévisuel et d’espionnage du voisin. C’est ce sujet que Lott aborde dans son roman en simulant une enquête journalistique basée sur un fait divers. Dès le début, il est établi que le docteur Alex Seymour a placé des caméras partout dans sa demeure familiale, que l’affaire a causé un scandale gigantesque et qu’il est décédé. Toutefois, on ne connait pas toutes les ramifications de l’histoire.

Petit à petit, le narrateur-enquêteur s’immisce dans la vie du docteur avec la permission de son épouse. Alternant entrevues avec les acteurs clés de l’affaire et « visionnements » des bandes, on apprend ce qui s’est produit. Bien sûr, le roman soulève la question de l’érosion de la vie privée. Est-ce éthique de placer une caméra dans la chambre de son fils pour déterminer s’il est un voleur? Pour savoir si votre femme vous trompe? Ou si votre fille couche avec son copain? Malheureusement, Lott ne va pas au fond de son sujet. Le tout prend la forme d’un thriller, un très bon.

Il s’agit d’une œuvre résolument de son temps, presque une étude de la société moderne : La famille du docteur Seymour est déconnectée, elle vit ensemble mais les membres sont pratiquement inconnus l’un pour l’autre - Dans son vidéo-journal il s’adresse à Dieu - Il craint d’être accusé d’harcèlement sexuel suite à l’examen gynécologique d’une femme musulman – et autres préoccupations.

En lisant ce qui se déroule sur les bandes enregistrées, le lecteur est transformé en voyeur, placé dans les souliers du personnage principal et confronté à sa propre gourmandise pour les indiscrétions. Sournois. Voulez-vous vraiment voir ce qui arrive au docteur Seymour? Ce n’est pas joli, je vous avertis…