Les Anges Cannibales
de Jean-Claude Derey

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 24 juillet 2007
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Enfants soldats
Au Sierra Leone, la vie d’un garçon de quinze ans bascule lorsque sa famille est dans la mire de rebelles armés jusqu’aux dents. Ses parents se font assassinés. Sa sœur et son petit frère sont enlevés. Seul au monde, Yondo se verra recruté, malgré lui, par le groupe de bandits. De village en village, le récit nous entraîne au cœur de l’enfer – les viols, les amputations à la machette, le pillage.

Un enfer d’autant plus dément que les adolescents dans cette guérilla ne savent plus pour quelle idéologie politique ils se battent. Ils répètent les slogans, s’enfoncent dans l’endoctrinement - drogués, étourdis d’une virilité bourgeonnante et souvent traumatisés par les meurtres de leur famille qu’ils ont été obligés de commettre.

Puisque nous vivons chaque moment du quotidien de notre jeune héros avec lui, c’est comme si nous étions partie prenante du cauchemar. L’écriture sans fioritures de l’auteur complimente le périple déchirant du garçon pour retrouver sa sœur, devenue esclave, et son petit frère, pêcheur de diamants. À chaque tournant on se demande si Yondo succombera à l’attrait de l’égide du groupe ?

Le genre de fiction qui glace le sang parce qu’elle reflète une réalité que l’on sait encore plus horrible.

*Dans le même registre, « Johnny chien méchant » d’Emmanuel Dongala est aussi excellent.