Ce qu'en dit James
de Dominique Schneidre

critiqué par Alma, le 11 juillet 2007
( - - ans)


La note:  étoiles
Le secret d'une vie heureuse
Comment s’assurer une vieillesse heureuse et échapper à la solitude ?
Alice, alerte septuagénaire, a trouvé la solution . Non seulement avoir des amis, les voir, leur écrire, mais aussi entretenir avec les écrivains qu’elle a lus assidûment toute sa vie et dont elle connaît parfaitement l’œuvre, un commerce régulier et quasi quotidien . Pour cela, nul besoin d’avoir recours au spiritisme, de faire tourner les tables pour les interroger, il lui suffit de s’asseoir dans un fauteuil à oreilles et de les écouter la conseiller, l’aider à résoudre ses problèmes .
Celui d’Alice, propriétaire désargentée d’une agréable propriété à Sainte Mérule dans le sud de la France (une sorte de Saint Tropez ), vient du toit de sa maison : il présente des fuites et nécessite des réparations coûteuses . Alice cherche pendant les six mois que dure son récit - de septembre à janvier, chaque mois faisant l’objet d’un chapitre – comment financer ses travaux et réussit à trouver un moyen pour le moins inattendu .

Mais l’intérêt du roman ne réside pas dans la solution au problème de toiture ….il vient du personnage d’Alice et de ses relations avec les écrivains .
Elle possède une très abondante bibliothèque et vit en compagnie des auteurs qui la meublent : Henry James, Tolstoï, Baudelaire, Thomas Bernhard, Chateaubriand et de nombreux autres : « On sonna à la porte, j’ouvris et tombai sur Stendhal », converse familièrement avec eux, reçoit leurs commentaires, leurs conseils : « Tolstoï vint à mon secours et me conseilla de répondre .. », « me glissa James » , assiste parfois à leurs affrontements et jouit ainsi du concours d’une bande d’amis avec lesquels elle déjeune, dîne ou passe la nuit . Lors d’une fiesta mémorable à laquelle se joignent Mozart et Da Ponte, ils débouchent même le champagne .
Elle n’hésite pas à montrer leurs manies : « James éteint la télévision dès que j’ai le dos tourné, car le bruit l’indispose . Proust ouvre les fenêtres si quelqu’un fume, puis les referme pour éviter les courants d’air » . Elle anticipe leur réactions : « James, si je le quittais pour Tourgueniev, il m’applaudirait par amitié ; pour Tolstoï, il se vexerait » . A propos de James elle dit « qu’il est prudent de ne pas insister « , de Dostoïevski qu’il joue toujours « les oiseaux de malheur » . Elle lui a d’ailleurs un jour rédigé une lettre pour lui reprocher une abondance de drames .
Parfois, ce sont les personnages créés par ces auteurs qui interviennent. Ainsi, par exemple, se glissent dans la conversation Bouvard et Pécuchet ou des protagonistes de l’Odyssée .

CE QU’EN DIT JAMES présente aussi un joli portrait d’une septuagénaire attachante . Indépendante, lettrée, anticonformiste, elle qui appartient à l’association pour le Droit de Vieillir dans la Plaisanterie, accepte son état vieillissant et jette sur son passé de femme libre ( en laquelle se retrouveront des lectrices de sa génération ) un regard lucide et souvent décapant . Les réflexions sur le mariage sont à la fois justes et non dénuées d’humour .

CE QU’EN DIT JAMES : une ode à la lecture, tonique, optimiste et jubilatoire .
Nul ne peut douter, après ce récit, que les lecteurs assidus de critiqueslibres.com jouiront d’une vieillesse heureuse………
Quand James est trop bavard, il devient soûlant ! 5 étoiles

Très vite, j’ai adoré ce bouquin. Quelle bonne idée de convoquer Henry James et consorts pour participer de la vie quotidienne ! Alice, 70 ans, n’ose appeler son fils Basile pour évoquer ses problèmes de toiture qui fuit et de devis exorbitant qu’elle ne peut régler, alors elle se résout à faire ce qu’elle a toujours fait : prendre la vie du bon côté avec ses livres !
Quel bonheur d’entendre Flaubert et Stendhal se mêler de la conversation ! Mais le plus fidèle quand même, celui qui la ramène tout le temps, c’est Henry James. Imbattable, celui-là. Et vers le milieu du livre patatras, je me suis franchement ennuyée ! Les souvenirs de cette vieille Alice n’ont pas suffit à faire passer la foultitude de citations devenues bavardes, pas plus que la querelle Shakespeare, Tolstoï, Stendhal. Un problème de dosage ?
Des livres "heureux compagnons" on est passé à "il n’y a plus de vie en dehors des livres", et je n’ai pas suivi la folie de l’héroïne. Une moitié bavarde pour une moitié très drôle et originale, j’ai fini dans l’agacement. Dommage (pour moi !)

Laure256 - - 51 ans - 8 août 2007